Les discours rassurants des experts médiatiques ont longtemps permis d’éviter tout débat sérieux sur la politique « non conventionnelle » de la Banque nationale suisse (BNS). Depuis une dizaine d’années, des risques explosifs pour le système financier helvétique ont ainsi pu être accumulés peu à peu sous le tapis.
Les milliards de pertes annoncés hier par la BNS sont l’occasion parfaite pour une petite piqûre de rappel…
De longues années durant, le consensus médiatique aura été total: la BNS finançait ses gigantesques programmes d’achat de dettes euro-américaines grâce à la « planche à billets », c’est-à-dire en créant de la monnaie à partir de rien.
Une théorie totalement réfutée par un certain nombre d’académiciens de premier plan…
Cachez donc cette dette que l’on ne saurait voir!
Prenons l’exemple de Stéphane Garelli, professeur à l’Université de Lausanne et au prestigieux IMD Institute. Au détour d’une rare interview publiée dans la presse romande, celui-ci avait discrètement mis en garde le public helvétique:
« Quelle est la probabilité que quelqu’un frappe à la porte de la BNS pour demander le remboursement intégral et immédiat de 500 milliards de francs? » (Le Temps, 16.03.2016)
Ainsi donc, cet académicien de renom considérait-il que la BNS était endettée à hauteur de plusieurs centaines de milliards de francs… et que ces fonds pouvaient lui être réclamés à tout instant!
De fait, l’actuel président de la Banque nationale suisse a lui-même reconnu que sa politique monétaire « non conventionnelle » était essentiellement financée par de la dette.
« Les avoirs à vue des banques à la BNS […] correspondent à un crédit accordé par les banques commerciales à la BNS. » (Thomas Jordan, septembre 2011)
Et voilà, on retrouve les 500 milliards de dettes dont parle le Prof. Garelli!
Une opinion également partagée par le Prof. Sergio Rossi, un spécialiste des questions monétaires qui s’inquiète du « risque systémique » que la BNS fait courir au système financier suisse. Au cours d’une émission diffusée par la télévision d’État suisse en mai dernier, celui-ci avait d’ailleurs expliqué qu’en cas de nouvelle crise, les pertes de la Banque nationale seraient répercutées sur les épargnants:
« Aujourd’hui, il y a une garantie [des dépôts bancaires] qui va jusqu’à 6 milliards au total, mais avec 500 milliards de dépôts à vue [des banques à la BNS], c’est clair que l’on va toucher 1’000 ou 1’500 francs si une banque part en faillite. »
Ainsi, l’épargne des Suisses est aujourd’hui massivement exposée au bilan notoirement dangereux de la Banque nationale…
Pour le ministre des Finances suisse, le bilan de la BNS est « à la limite du supportable ». Une information peu commentée, car publiée durant les dernières vacances d’été…
Il peut ainsi être utile de rappeler que la politique monétaire actuelle de la BNS a été qualifiée de « bombe à retardement » par l’un de ses plus hauts dirigeants… et que les lois de confiscation de l’épargne suisses n’ont rien à envier à celles de l’UE!
Par Vincent Held, Master en Finance HEC Lausanne et auteur du Crépuscule de la Banque nationale suisse, novembre 2017, Éditions Xenia. (Disponible en cliquant sur le lien)
BONUS VIDÉO: QUI FINANCE LA BANQUE NATIONALE SUISSE?
Les avoirs à vue des banques étant eux également de la monnaie ex nihilo si je ne m’abuse, l’affaire ne m’apparaît pas si terrible; bien qu’il n’y ait pas de distinction entre la monnaie ex nihilo et le reste de la monnaie.
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Ce qui me dérange nettement plus c’est l’argent des assurances sociales dont l’origine est le seul produit de notre travail et dont nous n’avons aucun moyen d’agir pour en préserver l’essence.
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Pssst008. Il n’y a pas d’argent ex nihilo sans apport de contrevaleur. C’est nous qui apportons cette contrepartie (nos biens gagés, maison par exemple). Je me permets de vous renvoyer à mon livre Dépossession où j’ai décrit la chose.
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LHK, je n’ai pas lu votre ouvrage, mais ai suivi vos avis. Dans la mesure où les banques commerciales créent l’argent sur des biens gagés, quel gage obtiennent-elles des banques nationales? J’en reviens ici à dire qu’il s’agit d’argent créé ex nihilo. Au demeurant, même l’argent constitué sur les gages dépend de la valeur que l’on attribue aux gages. Or les valeurs boursières comme foncières ont pris l’ascenseur avec la multiplication monétaire. Est-ce que je manquerais un élément de la réflexion? En l’état, je ne le perçois pas (encore?).
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Les comptes à vue sont alimentés par nos dépôts bancaires (épargne, salaires, etc.) directs ou via des caisses de pension. De même que les hypothèques de belle qualité y sont déposées… Je dois vous retrouver un article.
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Le voici: https://lilianeheldkhawam.com/2018/04/10/creation-monetaire-entente-illegale-entre-banques-centrales-et-commerciales-sur-fond-de-silence-politique-liliane-held-khawam/
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Je vous remercie pour votre réponse et le lien vers l’article que je n’avais pas manqué à l’époque. Ceci dit, je ne comprends pas le fonctionnement du système, ni pourquoi l’argent déposé à la BNS est plus de l’argent de nos dépôts bancaires, hypothèques et autre que de l’argent notamment scriptural.
Je manque vraisemblablement de bases pour déceler ce que j’ai envie de nommer l’axe de basculement et pourtant j’ai suivi d’assez prêt le sujet depuis quelque temps!
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Bonjour !
Pour répondre a pssst, il y avait eu une question parlementaire de Geri Muller au CF
https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20123305
Si ça peut vous être utile…
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C’est bête les 50 milliards de bénéfice non distribué aux actionnaires en 2017,, canton et confédération vont partir en fumé.. Pour les 50 milliards de la suva il en sera de même? silence le peuple dort…..
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