Quand le titre séduisant d’une initiative biaise sa portée

Financiarisation. Casino. Spéculation. Découvert. Fraude. Ces mots à eux seuls représentent une part impressionnante des maux actuels. Nul doute que les tenants de ce système ont pris le pouvoir politique dans le monde occidental. Leur système basé sur une prise de risques permanente et institutionnalisée est gourmand en biens physiques et en argent liquide.

Ce système déjà mis en place qui met à mal Constitution et démocratie s’en prend depuis quelques temps aux ménages. Les nouvelles statistiques suisses sont alignées sur la nomenclature de l’UE. Ce nouveau système calcule la valeur ajoutée « des ménages en tant que producteurs » (ligne T)! Ces derniers sont considérés comme des agents économiques où leurs activités sont considérées en tant que « producteurs et employeurs » pour « usage final propre »… Ces managers-financiers qui ont pris le pouvoir semble considérer le citoyen comme centre de coûts et de profits au même titre que le collaborateur de n’importe quelle entreprise financiarisée. http://lilianeheldkhawam.com/2014/08/08/la-rentabilite-au-coeur-de-leurope-des-regions-le-cas-suisse/

Faut-il s’en étonner ? Bien sûr que non ! Nous faisons face dans un certain nombre d’entreprises à une déshumanisation croissante. Il y a des responsables à cela constitués depuis belle lurette en lobbies. Leur but : prendre le pouvoir politique et disposer de manière illimitée de l’argent de la collectivité. Qu’il soit public ou privé. Or, ces mêmes lobbies ont investi les allées du pouvoir politique.

Alors que veulent-ils ? Il semble de plus en plus clair qu’ils n’apprécient pas la notion de propriété privée des classes moyennes. Les capitaux des retraites sont déjà entre leurs mains, les capitaux des épargnes aussi grâce à la loi too big to fail institutionnalisée mondialement.

Restent les biens immobiliers. La très sérieuse BNS nous parle -sans rire- de bulle spéculative dans l’immobilier. Elle oublie juste de nous dire que les hedge funds, autrement appelés « fonds spéculatifs » basent leurs gains sur 3 piliers dont celui de l’immobilier ! Mais notre chère BNS ne les traque absolument pas et ne les limite pas. En revanche, elle limite les jeunes gens qui veulent accéder à la propriété avec LEUR argent épargné dans LEUR caisse de pensions.

Un autre exemple s’il en fallait un est celui de FATCA. Cette loi ne traque que les personnes physiques américaines. C’est-à-dire les individus et pas du tout les trusts américains…. http://lilianeheldkhawam.com/2013/12/15/la-democratie-suisse-a-lepreuve-de-la-mondialisation/

Le système de deux poids deux mesures se met en place. Et voici une initiative qui en rappelle d’autres : « Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires (abolition des forfaits fiscaux)’ ».

Le titre semble s’en prendre exclusivement aux millionnaires. En réalité, on lit la chose suivante d’emblée : « 2bis Les privilèges fiscaux pour les personnes physiques sont illicites…. »

Cela concerne TOUTES les déductions que chacun d’entre nous peut faire sur sa déclaration d’impôts (frais de dentiste, médicaux, formation, transport, loyer…). Mais aussi et SURTOUT les déductions de l’entretiens de son bien immobilier telles que : les intérêts hypothécaires, frais d’entretien, charges de copropriétés, frais de rénovation,…

Alors soyons sûrs d’une chose : La classe moyenne (y compris les personnes retraitées et âgées) qui trime pour financer son bien et qui a calculé avec les déductions fiscales va trinquer en priorité. Ses biens ne manqueront pas d’être récupérés par les spéculateurs voraces qui pourront les rajouter à leurs paniers « plomber » par des titres pourris. Un immobilier récupéré à bon compte par ceux qui ont octroyé les hypothèques ne manquera pas d’embellir leur bilan.

Une certitude. Les vrais millionnaires ne seront absolument pas perturbés par cette loi. Quant à l’imposition d’après la dépense qui serait interdite, ces riches contribuables iront se dorer ailleurs. Certains pays d’Europe gérés par des gens de gauche offrent une exonération totale pour s’attirer les faveurs de ces gens (soleil et plages inclus). En clair, ces gens qui n’ont pas d’attaches affectives en Suisse ne seront pas du tout déstabilisés contrairement à la classe moyenne suisse qui reste la base solide du pays.

Liliane Held-Khawam

A LIRE soigneusement si vous faites partie de la classe moyenne.

Le texte de l’initiative.

L’initiative populaire a la teneur suivante :

I

La Constitution1est modifiée comme suit :

Art. 127, al. 2bis (nouveau)

2bis Les privilèges fiscaux pour les personnes physiques sont illicites. L’imposition d’après la dépense est interdite.

II

Les dispositions transitoires de la Constitution sont complétées comme suit :

Art. 197, ch. 92 (nouveau)

  1. Disposition transitoire ad art. 127, al. 2bis (Principes régissant l’imposition)

1 La Confédération édicte la législation d’exécution dans un délai de trois ans à compter de l’acceptation de l’art. 127, al. 2bis.

2 Si aucune loi d’exécution n’est mise en vigueur dans ce délai, l’art. 127, al. 2bis, s’applique directement.

______________________

1 RS 101

2 L’initiative populaire ne vise pas à se substituer à une disposition transitoire existante de la Constitution: c’est pourquoi le chiffre de la disposition transitoire relative au présent article ne sera fixé qu’après le scrutin, en fonction de l’ordre chronologique dans lequel les différentes modifications constitutionnelles auront été acceptées. La Chancellerie fédérale procédera aux adaptations nécessaires avant la publication au recueil officiel du droit fédéral (RO).

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