Bill Gates: la philanthropie dans le circuit fermé du grand business. Le Média.

La fortune de Bill Gates se développe alors qu’il aurait transmis sa fortune à sa fondation.

https://lilianeheldkhawam.com/2017/04/21/bill-gates-augmente-sa-fortune-de-50-en-4-ans-liliane-held-khawam/

Les généreux donateurs de l’OMS orientent-ils sa politique?

Le financement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) soulève de plus en plus de questions. Les dons représentent une part toujours plus importante du budget, influençant les priorités de l’organisation.

Avec ses 7000 collaborateurs dans le monde entier, l’OMS dirige et coordonne la santé mondiale, avec à sa disposition un budget annuel de 2,4 milliards de francs.

Depuis 1990, son budget a quasi triplé, alors que les cotisations des Etats membres – dont l’OMS peut disposer librement – sont restées stables. Ce sont en fait les dons qui ont explosé. Il s’agit de financements liés à des projets précis ou des causes spécifiques. Ces sommes sont versées par des gouvernements, des fondations privées ou des entreprises.

80% du budget provient de dons

Alors que les cotisations des pays membres représentaient 80% du budget dans les années 1970, le rapport s’est aujourd’hui complètement inversé. En 2016, près de 80% du budget total de l’OMS provient des dons, soit 1,7 milliards de francs.

En 2016, ceux qui ont donné le plus à l’OMS sur une base volontaire sont les Etats-Unis (plus de 310 millions de francs), la fondation Bill & Melinda Gates (280 millions), puis la Grande-Bretagne (près de 140 millions de francs).

En quatrième position se trouve GAVI Alliance  (près de 55 millions de francs), dont le principal financeur est la Fondation Bill & Melinda Gates. Suivent avec plus de 50 millions de francs de dons: le Japon, le National philantropic trust et le Rotary International. Cette dernière association est également financée en partie par la Fondation Bill & Melinda Gates.

Sur les trois dernières marches du top 10 figurent, avec près de 50 millions de dons, la Commission européenne, le Fonds central d’intervention d’urgence et l’Allemagne.

A voir: L’enquête de TTC sur le financement de l’OMS:

Le financement de l'OMS
TTC – Publié le 29 mai 2017

 

Questions de dépendance

Ce type de financement soulève des questions, notamment de dépendance de l’Organisation vis-à-vis de ses bailleurs de fonds. Or, dans ce top 10, il y en a un qui crispe beaucoup: Bill Gates. C’est l’homme le plus riche de la Terre. Il pèse 86 milliards de francs. Depuis 2008, le fondateur de Microsoft est devenu philanthrope, au sein de sa gigantesque fondation.

La position dominante de cette dernière interroge. Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé Globale de la Faculté de Médecine à l’Université de Genève, craint que l’institution ne devienne un instrument pour servir les intérêts de ces donateurs privés. « Si un jour on éradique la polio de la planète, on pourra le devoir en grande partie à la Fondation Bill Gates. En revanche, l’OMS est moins libre, parce que les dons vont orienter la politique là où le donateur souhaite l’orienter, puisqu’il donne pour une cause. Il ne donne pas pour l’OMS ».

37 cas de polio notifiés en 2016

Ainsi, la directrice de l’organisation Health innovation in practice (HIP), Nicoletta Dentico, souligne le fait que certains départements de l’OMS sont presque entièrement financés par la Fondation Bill & Melinda Gates. « Cela a inévitablement un impact. Pas forcément sur ce que dit l’OMS, mais plutôt sur ce que l’OMS décide de ne pas dire ».

L’exemple le plus frappant est la lutte pour éradiquer la polio, cheval de bataille de Bill Gates. Il s’agit du programme de l’OMS dont le budget pour l’exercice 2016-2017 est le plus élevé, avec une enveloppe de 870 millions de francs pour les deux ans.

Selon les chiffres de l’OMS, seuls 37 cas de polio ont été notifiés en 2016, tandis que 1,1 million de personnes sont décédées d’une cause liée au VIH dans le monde, par exemple.

Depuis que l’OMS s’est fixée l’objectif d’éradiquer la polio, le nombre des cas a diminué de plus de 99%, évitant la paralysie à plus de 16 millions de personnes.

Pas de débat public

Pour Jean-Marie Kindermans, président de l’Agence Européenne pour le Développement et la Santé (AEDES), éradiquer la polio est certes un objectif de santé publique qui peut être envisagé, mais qui mobilise des ressources financières et humaines conséquentes. « Le gros problème est comment cette allocation de ressources est décidée, sans débat public, au regard d’autres priorités ». On peut donc se poser la question de la pertinence de l’investissement pour éradiquer la polio par rapport à la lutte contre d’autres maladies.

Pour Jean-Marie Kindermans, l’enveloppe budgétaire de l’OMS devrait bénéficier à d’autres maladies qui tuent beaucoup plus à l’heure actuelle, et qui justifient d’être prioritaires, comme la tuberculose, le VIH, l’hépatite C, ou d’autres maladies négligées comme le paludisme, ou simplement les infections pulmonaires aiguës et les diarrhées de l’enfant.

L’Organisation mondiale estime de son côté que Bill Gates a le mérite de pallier un financement insuffisant de la part des Etats membres, comme l’affirme Gaudenz Silberschmidt, directeur ad interim de la mobilisation de ressources coordonnées à l’OMS: « S’il ne faisait pas ce travail, cela poserait un plus grand problème. » Et le fait qu’il soit « relativement dominant », comme deux trois acteurs étatiques, est « un risque qu’on doit gérer et qu’on gère activement ».

Natalie Bougeard / Feriel Mestiri

https://www.rts.ch/info/economie/8660012-les-genereux-donateurs-de-l-oms-orientent-ils-sa-politique-.html

Un doc sur l’étonnant business de la lutte contre la malaria

Entretien avec Bernard Crutzen, l’auteur d’un documentaire controversé sur l’Artemisia, une plante oubliée qui soigne le paludisme.

Utilisée en Chine depuis deux mille ans, l’Artemisia annua prévient et soigne le paludisme avec une réelle efficacité. Pourtant, la consommation de cette plante médicinale est toujours déconseillée par l’OMS. Pendant ce temps, près de 500 000 personnes meurent chaque année de la maladie. Le parasite qui la provoque devient résistant aux nombreux médicaments mis sur le marché par l’industrie pharmaceutique et le vaccin promis pour 2018 ne s’avère efficace que dans 30% des cas. En racontant l’histoire de l’Artemisia annua et de ceux qui se battent pour qu’elle soit largement diffusée, le réalisateur belge Bernard Crutzen met les institutions qui prétendent lutter contre le paludisme depuis cinquante ans au pied du mur. Et redonne espoir à tout un continent.

Téléobs : Comment vous êtes-vous intéressé à cette plante médicinale peu connue en Europe ?
Bernard Crutzen : Cela a démarré comme un défi. Mon précédent documentaire « Bruxelles sauvage – faune capitale » évoquait la cohabitation des hommes et des animaux sauvages tels que les renards ou les couleuvres dans les rue de la capitale européenne. Un ami m’a dit : « C’est bien gentil tes histoires de renards à Bruxelles mais j’ai un sujet autrement plus conséquent à te proposer. Mais tu ne devras pas avoir froid aux yeux car tu vas te heurter à l’industrie pharmaceutique et ce ne sont pas des rigolos ! »

J’ai voulu relever ce défi, prudemment, en prenant un pseudo et un numéro de téléphone non traçable car mon médecin traitant lui-même m’avait mis en garde contre les méthodes « mafieuses » des labos.

Avez-vous reçu des menaces ?
Ni menaces, ni intimidations mais de grosses difficultés pour obtenir des réactions de la part de gens de l’OMS ou de l’industrie pharmaceutique, simplement parce que la tactique des labos consiste à ne pas répondre. Ils montrent une certaine indifférence par rapport à la problématique mais je ne sais pas si elle est volontaire ou bien s’ils n’en ont rien à faire, simplement parce  que ça ne leur rapporte pas beaucoup d’argent…

Pourtant le film s’appelle « Malaria business »…
– Je me suis rendu compte que la plupart des médicaments étant devenus des génériques, ils ne rapportent plus grand-chose aux firmes pharmaceutiques. En revanche, ils restent l’objet d’un gros business en Afrique. La déclaration de Stromae dans le film, sortie de son contexte comme elle l’a été sur le Net, laisse penser que le business concerne les médicaments tels que le Lariam que tous les Européens qui partent en zone tropicale connaissent. Mais le vrai business, il se passe dans les pays africains où les gens consomment ces médicaments de manière non préventive mais curative. La complexité du sujet tient à ce qu’il y a d’une part, le volet prophylactique qui concerne plus les Occidentaux voyageant en Afrique, et d’autre part, le volet curatif qui concerne directement les populations des pays tropicaux. Ces populations ne peuvent pas absorber quotidiennement et en quantité phénoménale les médicaments contre le paludisme. Elles les prennent uniquement au moment des crises. Ces deux cas de figures peuvent prêter à confusion, semble-t-il. Il m’aurait fallu beaucoup plus de 70 minutes pour développer tout cela…

En Afrique, les ONG distribuent les médicaments antipaludiques  gratuitement. Comment se fait le trafic ?
Si ces médicaments sont distribués gratuitement, ça veut dire que quelqu’un d’autre les paie et qu’ils ont donc une valeur. Les laboratoires pharmaceutiques qui sont d’abord intéressés par le profit, vendent leurs produits à des organisations telles que Médecins du Monde, Médecins sans frontières ou à des grossistes locaux. Les gens reçoivent ces médicaments via ces ONG ou les centres de santé.

Il y a donc des gens, médecins ou intervenants dans les dispensaires, qui se font de l’argent en revendant ces médicaments reçus gratuitement. Les sommes en jeu peuvent nous paraitre dérisoires mais si un dépôt pharmaceutique perd son business, localement, c’est grave pour lui. Il y a donc des pressions sur les chercheurs et les gens qui essaient de promouvoir la plante…

Plus que le trafic local, le sujet principal de votre documentaire, c’est le traitement du paludisme en Afrique, continent le plus touché …
Oui, la polémique principale concerne le traitement des Africains, pas celui des Européens. Le cas de Stromae représente la facette européenne du problème :  le chanteur se rend au Rwanda, son pays d’origine, pour ses tournées. Il a déjà pris du Lariam quand il était jeune et n’a jamais eu de souci avec et là, tout d’un coup, parce qu’il est sous pression, il subit les effets secondaires désastreux du médicament. Je n’ai pas choisi de creuser cette problématique même si je peux témoigner moi-même de l’efficacité de l’Artemisia que j’ai prise en unique traitement pendant tout le tournage au Congo, au Sénégal, en Guyane ou à Madagascar qui sont pourtant des zones très touchées.

Mon sujet, c’est l’existence de traitements alternatifs pour les gens qui vivent dans ces zones où des enfants meurent chaque jour. Le vrai sujet est là et le vrai scandale aussi !

Est-ce que la situation  évolue en Afrique ?
Depuis la fin du tournage il y a un an, les choses commencent à changer. Au Bénin, au Togo, au Cameroun ou au Congo, les autorités prennent conscience de l’intérêt de l’Artemisia. Elles commencent à en avoir assez que les Occidentaux leur dictent ce qu’elles doivent faire par l’intermédiaire de l’OMS entre autres. L’OMS Afrique commence à être intéressée, officieusement en tout cas, par ce traitement, et il semble qu’elle soit en train de changer son fusil d’épaule. Mais l’OMS Genève reste très influencée par les lobbies pharmaceutiques et les groupes privés toujours très réticents sur le sujet.

Les fondations financent les labos. C’est un circuit fermé.

Vous évoquez la Fondation Bill et Melinda Gates …
Les labos ne dictent pas frontalement à l’OMS, institution publique, ce qu’elle doit faire mais ils financent une grande partie de ses actions via des fondations qui ont des intérêts dans l’industrie pharmaceutique. La fondation Bill & Melinda Gates décide d’injecter 4 milliards d’euros pour éradiquer la malaria. C’est très louable. Sauf que sous son vernis philanthropique, la fondation finance en fait des centres de recherche qui travaillent en pool avec les laboratoires dans lesquels Bill Gates a des intérêts. Cela n’apparaît pas directement, il faut creuser un peu pour décortiquer les montages financiers. Ces généreux donateurs sont peut-être sincèrement motivés, mais le problème, c’est que la Fondation Bill Gates place aussi ses capitaux dans Exxon, Mac Donald ou Pepsi et on est en droit de se demander si elle est réellement concernée par la santé publique… Au lieu de placer ses capitaux sur des projets humanitaires, elle les place sur des multinationales comme Pepsi Cola qui vend très bien en Afrique. Mais est-ce que le Pepsi est vraiment nécessaire pour la santé des populations ? Il y a une véritable schizophrénie dans cette démarche…

Votre film aurait-il pu s’appeler « Artemisia Business »?
Non et j’espère qu’il n’y aura pas autour de l‘Artemisia le même business qu’autour des médicaments…Ce sont des associations qui veulent diffuser la plante en Afrique et le profit n’est pas leur motivation. Le sujet du film, c’est bien cette plante qui prévient et soigne le paludisme. J’ai pensé à un titre plus positif tel que « Artemisia, l’espoir de l’Afrique », mais évidemment les chaînes de télé ont doucement rigolé et m’ont dit que ce ne serait pas assez vendeur.

Pour qu’un film soit vu par un maximum de gens, il faut utiliser quelques ficelles : un titre plus racoleur, le témoignage de stars comme Stromae, même s’il dure 45 secondes, et la voix de Juliette Binoche.

Pour l’anecdote, la comédienne a accepté de lire les commentaires presque bénévolement parce qu’elle connaissait déjà bien cette plante qui parait-il, ne soigne pas que la malaria. Le nom de ces stars fait que les gens vont s’intéresser à la problématique. C’est un peu comme pour l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » : elle fait découvrir des peuplades formidables mais il faut quand même une star ou une starlette pour que les gens la regardent.

Quels ont été les réactions au film en Belgique ?
Il a beaucoup d’impact car le sujet est inédit. Tout le monde a entendu parler du scandale du Météor mais cette histoire d’Artemisia n’est pas connue. Les Occidentaux l’ont découverte au moment de la guerre du Viêt Nam mais comme les labos se gardaient bien d’en parler, cela semble nouveau. On me dit souvent que le film va faire scandale. Je pense plutôt qu’il va lever une omerta.

Depuis 1967, on sait que cette plante soigne le paludisme et personne n’a rien fait pour que cela soit diffusé en Afrique où près des centaines de milliers de  personnes meurent chaque année. Ce n’est pas une petite épidémie…

Le film a été projeté en Afrique ?
Les premières projections ont eu lieu à Dakar et au Bénin et j’en suis très content. Les Africains se sont emparés de leur plante mais aussi du film. C’est très important pour eux de pouvoir en parler, ça force l’opinion publique à réfléchir sur le sujet et les gouvernements à prendre en compte cette nouvelle possibilité de soin. J’avais de très nombreux autres témoignages de personnes qui se soignent avec l’Artemisia mais j’ai dû couper au montage faute de place…

Mercredi 29 novembre à 20h55 sur France Ô. Documentaire français de Bernard Crutzen (2017). 1h10. (Disponible en replay sur france.tv)

6 réflexions sur “Bill Gates: la philanthropie dans le circuit fermé du grand business. Le Média.

  1. Petit à petit ces informations en creux (que le capitalisme masque aux gens) pourront montrer à tous qu’on peut se passer de ce Système pourri, criminel, dévastateur.

    Mais lutter contre un décervelage aussi puissant relève de l’impossible.

    Preuve : « J’ai pensé à un titre plus positif tel que « Artemisia, l’espoir de l’Afrique », mais évidemment les chaînes de télé ont doucement rigolé et m’ont dit que ce ne serait pas assez vendeur. » On se pince ! Le marché des médias est le monde des salauds : je vends du rêve et sans rêve je disparais. Société de spectacle pour gamins.
    La fabrique du consentement passe par la continuation des contes de fées.
    Nous sommes donc tous dans une cour de récré entourée de panneaux publicitaires. Nous réclamons la réclame. Village Potemkine mondial !

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