Blackrock puissamment lié à l’industrie du pétrole. Novethic

Le plus puissant gestionnaire d’actifs au monde, BlackRock a perdu 90 milliards de dollars en misant sur les énergies fossiles

Novethic02/08/2019 à 13:45

Trop investi dans des entreprises liées aux énergies fossiles, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, l’américain BlackRock a perdu ou à loupé des opportunités évaluées à 90 milliards de dollars ces dix dernières années, selon un institut spécialisé. Aujourd’hui, seulement 0,8 % du portefeuille de 6 500 milliards de dollars est investi dans des fonds à orientation environnementale ou sociale.

Ces dernières années, les investisseurs appellent de plus en plus les entreprises dont ils sont actionnaires à se désengager des énergies fossiles de crainte que le risque climatique ne pénalise ces actifs. L’étude de l’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) a chiffré ce risque en prenant pour exemple le mastodonte BlackRock.

L’entreprise, qui gère 6 500 milliards de dollars d’actifs (l’équivalent de trois fois le PIB français), a perdu ou a subi un manque à gagner de 90 milliards d’euros depuis 10 ans. Selon le rapport de l’IEEFA, BlackRock « continue d’ignorer les graves risques financiers liés à l’investissement dans des sociétés dépendantes des combustibles fossiles » et est « toujours en retard sur le leadership en matière d’investissement durable« .

L’IEEFA attribue ce manque à gagner de l’investisseur américain à cinq raisons. Premièrement, 75 % des pertes sont attribuables à l’investissement dans quatre entreprises qui ont sous-performé par rapport au marché : Exxon, Chevron, Shell et BP.

Deuxièmement BlackRock a un faible contrôle sur près de 4 300 milliards de dollars d’actifs placés sur des fonds indiciels, c’est-à-dire une gestion passive basée sur l’évolution d’un indice boursier, très souvent lié au pétrole.

10 % des résolutions climat soutenues

Troisièmement l’IEEFA dénonce un conflit d’intérêts de BlackRock car six des 18 membres de son conseil de direction sont liés à des entreprises des énergies fossiles, comme Halliburton, GE ou BP.

Quatrièmement, « seulement 0,8 % du portefeuille total de Blackrock est investi dans des fonds à orientation environnementale, sociale et de gouvernance (ESG)« , expliquent les auteurs. Ce qui à l’échelle de BlackRock représente quand même 52 milliards de dollars.

Enfin, cinquièmement, selon des données de l’ONG Ceres, BlackRock en 2018 n’a soutenu que 10 % des résolutions liées au climat soumises au vote en Assemblées générales, sachant que le gestionnaire d’actifs est par exemple présent au capital de 40 % des entreprises américaines et chez 18 des 40 valeurs du CAC40.

BlackRock doit changer la finance

« BlackRock, le plus grand gestionnaire au monde, a une énorme influence et assume une énorme responsabilité vis-à-vis de la communauté au sens large. Il a le pouvoir de prendre les devants au niveau mondial pour lutter contre les risques climatiques, mais, à ce jour, il reste à la traîne« , regrette Tim Buckley, coauteur de l’étude.

« Si le plus grand investisseur au monde indique clairement que les règles ont changé, alors d’autres investisseurs d’importance mondiale comme Fidelity, Vanguard et le fonds souverain japonais vont rapidement reproduire et renforcer ces mouvements, réduisant ainsi les risques liés aux actifs bloqués pour tous« , ajoute-t-il.

Pourtant BlackRock semblait en effet avoir pris le pli d’une finance guidée par le bien du plus grand nombre. En janvier 2008, Larry Fink avait adressé une lettre à tous les patrons des entreprises dont la société est actionnaire. « Toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société. Les entreprises doivent bénéficier à l’ensemble de leurs parties prenantes, dont les actionnaires, les salariés, les clients et les communautés dans lesquelles elles opèrent« , écrivait-il alors.

Ludovic Dupin @LudovicDupin

https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/le-plus-puissant-gestionnaire-d-actifs-au-monde-blackrock-a-perdu-90-milliards-de-dollars-en-misant-sur-les-energies-fossiles-147564.html

3 réflexions sur “Blackrock puissamment lié à l’industrie du pétrole. Novethic

  1. Merci pour cette article qui me permet de débattre un peu sur se sujet intéressant.
    Et dont j’ai un avis différent, pas forcément juste, mais qui peut (peut-être mettre en lumière certain aspect).

    Je ne défends pas Blackrock, mais comme je n’apprécie pas le politiquement correct, j’ai quelque problèmes avec la nouvelle tendance de l’économiquement correct.
    De plus, je ne suis pas convaincu non plus que les autres fonds lui emboîte le pas. Car au final, jusqu’à maintenant la politique du court terme et du rendement n’est pas encore révolue.

    En outre, je trouve qu’il est très difficile de définir ce qui est le plus énergivore, le plus pollueurs et à qui revient la responsabilité. Par exemple l’internet consomme énormément d’énergie (selon certain 100 centrales nucléaires) et sa consommation augment très rapidement (selon certain double tous les 4 ans). Probablement que la majorité des serveurs prennent de l’électricité bon marché (donc charbon et qui représente ~40% de l’électricité dans le monde). Ainsi, doit-on condamner, les centrale à charbon, internet, les gens qui les finances ?

    A mon avis la responsabilité est trop diffuse et donc ce n’est pas un combat qui puisse être gagnable et souhaitable. Par exemple BlackRock s’occupe principalement de placement institutionnelles donc états, assurances,… qui sont en premier les demandeurs. Donc finalement, est-ce BlackRock ou les institutions qui y souscrivent qui sont responsable ? Car il existe des fonds baser sur la transition énergétique.

    Bien que le climat et la pollution sont des enjeux important. Je n’ai pas l’impression que les entreprises doivent se réguler d’elle-même, mais plutôt que les états doivent prendre des motions avec la volonté des citoyens pour limiter (mais cela a un coût sur la vie des gens et peut-être que la majorité de ceux-ci n’en veulent tout simplement pas). Cependant, sans décision unanime de toutes les nations cela me semble aussi difficilement réalisable.

    Je suis pessimiste, mais un investissement écologique et renouvelable (quand « tout va bien » au niveau écologique) il faudrait des médias libres ce qui ne semble pas possible ou bien un régime autoritaire dont j’ai nullement envie d’y être et que l’on accepte que l’on ait moins ce qui est difficile pour ceux qui n’ont pas put profiter des « belles années ». J’ai plutôt l’impression que pour limiter les problèmes économiques (et cacher un peu les promesses irréalisables des gouvernements) on va puiser partout et au maximum les ressources fossiles. Néanmoins, la volonté de se passer du fossile pourrait aussi arriver plus vite du faite que l’AIE prévoit un resserrement de l’offre du pétrole dés 2025. Par exemple le choc pétrolier de 1973 on a eu des week-end sans voiture en Suisse, ce qui était pourtant fortement impopulaire.

    Digressions :

    Après, une autre question est peut-on vraiment remplacer le pétrole pour le transport ? C’est vrai il y a la voiture électrique mais elle faut améliorer sa fabrication pour la rendre pérennes en ressource et qu’elle consomme de l’électricité verte. Mais pour les supertanker, engin minier et l’agriculture électrique c’est pas pour demain (et probablement pas possible pour les 10 ans qui viennent).

    Personnellement, ce qui me gène le plus est sur BlackRock, c’est qu’ils ont engagé Philipp Hildebrand du jour au lendemain (un mois après) de sa démission à la BNS. Ce qui me fait naître des questions de conflit d’intérêt sur la vente de l’or de la BNS (ou autre). Surtout que Blackrock à des fonds sur l’or.

  2. Merci pour l’information et désolé pour mon erreur.
    En effet monsieur Roth à gérer et après il passer un moment au FMI et à la BIS, après c’est claire que je divague un peu, car on engage des gens qui ont la même vision et c’est un peu différent que dans le secteur privé. (J’ai toujours vu le FMI d’un mauvais œil, probablement dut à la Grèce et autre pays dont leur situation c’est dégrader avec leurs recommandations)

    Même si cela me rassure, je m’inquiète quand des gens travaillant pour des institution aussi importante vont travailler dans le privé dans des domaines liées, et ou dans d’autre organisme internationale.

    Mais aussi l’inverse, comme pour un banquier de UBS, crédit suisse, SIX,… qui vont siéger à la FINMA. Après c’est vrai qu’il est parfois compliquer de trouver des personnes, mais mettre des gens dont on est sur qu’ils soient neutre (ou ‘pour l’intérêt publique’) à la direction ne me semblerait pas complètement idiot.

    Après c’est sur après coup c’est aussi facile et les gens ont voté ses ventes, même si je crois pas que l’or sur le très long-terme soit gagnant (genre 50 ans). Il peut cependant être très utile en cas de crise de confiance des citoyens dans le système financier et étatique. Je pense que ses ventes ont été faite au plus mauvais moment et à des prix relativement bas (c’est pourquoi, j’ai l’impression que soit c’est de l’incompétence, soit c’est de la corruption). Ces réserves auraient put « peut-être » éponger une partie, les mauvaises décisions de la BNS (lorsque les vrais problème viendrons visible, et d’atténuer les problèmes des pensions comme l’article que vous avez récemment publié)

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