Les barrages français cèdent face aux intérêts privés. France Culture

Le gouvernement a annoncé sa volonté de privatiser 150 barrages hydroélectriques en France, en dépit de leur caractère hautement stratégique. Il répond ainsi à la volonté de la Commission qui s’était juré de faire chuter ce monopole d’État contraire au dogme de la concurrence libre et non faussée.

 

Ainsi, cette énergie est la seule à être véritablement propre et renouvelable. Elle est aussi mobilisable à tout instant pour s’adapter aux évolutions de la consommation d’énergie. Ainsi, rien de plus simple pour réguler la production d’électricité que d’ouvrir ou de fermer les vannes d’un barrage. Se défaire de leur gestion serait donc renoncer à cette capacité de lissage de la production électrique en cas de pic ou de pénurie.

On peut ainsi se demander ce que feraient des acteurs privés s’ils venaient à détenir et à contrôler de telles infrastructures. D’autant que l’électricité produite par les centrales hydroélectriques est aujourd’hui la moins chère de France : 20 à 30 €/MWh contre 35 à 46 pour le nucléaire. Or, comme le relève le média en ligne Le vent se lève, « un opérateur privé pourrait facilement maintenir les vannes du barrage fermées et attendre qu’un pic de consommation fasse frôler la pénurie d’électricité pour faire monter les prix. Sur le plan juridique, rien ne les en empêcherait ».

Pour se donner une idée du type de chantage financier que peuvent exercer des acteurs privés dans de telles conditions, il suffit de se rappeler l’épisode qui avait opposé General Electric à EDF il y a quelques années. Après  avoir racheté Alstom énergie en 2016, l’entreprise américaine avait organisé une grève de maintenance pour obtenir d’EDF des conditions de gestion plus avantageuses. Après une centaine d’incidents, la direction d’EDF avait fini céder et donner gain de cause aux Américains.

On ose à peine imaginer le pouvoir que donnerait le contrôle de ces infrastructures, quand on sait que les barrages hydrauliques servent aussi de réserve d’eau pour refroidir les centrales nucléaires…

Au-delà de ces aspects économiques et stratégiques, les barrages remplissent également un certain nombre de fonctions utiles pour la société. Ils servent ainsi de base de loisirs, comme sur le lac de Serre-Ponçon, de réserve d’eau potable pour les villes ou de retenue d’eau pour l’agriculture. On peut néanmoins se demander si un opérateur privé serait aussi enclin à libérer de l’eau gratuitement pour satisfaire aux besoins de la communauté sans contrepartie.

Que Bruxelles pousse à la privatisation du secteur hydro-électrique n’est guère étonnant : elle est dans son rôle d’aiguillon des politiques néolibérales et de héraut des vertus de la concurrence, prétendument libre et non faussée.

Ce qui pose plutôt question, c’est l’empressement du gouvernement à satisfaire à cette exigence de Bruxelles. Incompréhensible a priori tant elle semble aller contre l’intérêt général… A moins qu’il ne s’agisse d’un énième cadeau sans contrepartie de la communauté aux intérêts privés.

4 réflexions sur “Les barrages français cèdent face aux intérêts privés. France Culture

  1. Seuls les entreprises européennes et apparentées (Suisse par ex.) de plus de 10 ans d’existence avec une surface financière suffisante et bilans positifs pourront concourir (pas de qataris ou de chinois là-dedans !)

  2. On ne va quand même pas empêcher les riches de jouer avec leur argent !
    S’ils veulent spéculer sur l’énergie c’est leur droit et les intérêts des populations ne comptent pas.
    Nous avons voté pour un capitaliste spéculateur, on a choisi.
    Alors les rouspéteurs n’avaient qu’à voter anti-capitalistes.
    Ce que j’ai fait.
    j’ai perdu.
    NON SEULEMENT ILS POURRISSENT LE MONDE
    mais encore
    ILS NOUS POURRISSENT LA VIE.

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