Saint Gobain; la grande liquidation de l’industrie française se poursuit.

Saint-Gobain PAM, un fleuron industriel français bientôt étranger  ? Saint-Gobain PAM fait figure de poids lourd. Cette structure dispose d’un portefeuille conséquent d’actifs stratégiques ainsi qu’un savoir-faire centenaire qu’il est impératif de conserver en France afin que l’Hexagone conserve sur son territoire l’un des leaders mondiaux dans le domaine de l’eau. Cela alors que Saint-Gobain PAM pourrait être racheté par un concurrent étranger. Bref, un un savoir-faire unique qui risque de partir à l’étranger (La Tribune

Saint-Gobain Pont-à-Mousson s’apprêterait à ouvrir son capital à son concurrent chinois

Philippe Bohlinger , Publié le

Saint-Gobain ne faisait pas mystère de sa quête d’un partenaire industriel susceptible de redynamiser son activité canalisation implantée à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). Selon le syndicat CFE-CGC, le groupe serait en pourparlers avec le numéro un mondial, le chinois XinXing, pour céder 60 % du capital de Saint-Gobain Pont-à-Mousson. 2 000 emplois directs sont concernés dans le Grand-Est et en Lorraine.

L’agitation est palpable depuis le début de l’année autour de l’avenir de Saint-Gobain Pont-à-Mousson (Saint-Gobain PAM). L’activité canalisation du géant français implantée à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) est certes confrontée depuis cinq ans à une concurrence internationale accrue sur ses principaux marchés. Mais le plan Transform & Grow présenté le 26 novembre 2018 par Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, laissait augurer d’importants mouvements, liés notamment à la volonté du groupe d’organiser une rotation de son portefeuille en cédant pour 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

La CFE-CGC a jeté un pavé dans la mare le 2 avril en annonçant que Saint-Gobain se préparerait à abandonner 60 % du capital de son activité canalisation au chinois XinXing, le numéro un mondial du secteur. La direction du groupe dément cette information, mais reconnait avoir engagé mi-février 2019 un processus visant à « rechercher un partenaire industriel, afin d’offrir de nouveaux débouchés commerciaux et élargir notre gamme de produits et de technologies« .

Des conséquences sociales encore floues

Des inquiétudes s’élèvent d’ores-et-déjà concernant les possibles conséquences sociales d’un tel partenariat. En effet, Saint-Gobain PAM emploie 6 000 salariés dans le monde dont 2 000 en France, dans la Haute-Marne mais surtout en Meurthe-et-Moselle. « La CFE-CGC espère que cette cession sera éligible à la procédure des investissements étrangers en France, ce qui permettra de protéger les 2 000 emplois directs », indique Xavier Le Coq, délégué national de la CFE-CGC Métallurgie.

La CGT (majoritaire) reste prudente, mais s’apprête à convoquer un comité central d’entreprise extraordinaire le 19 ou le 21 avril prochain : « Saint-Gobain PAM doit trouver un véritable partenaire industriel qui pérennise l’activité des sites français et ne les transforme pas en dépôt », avertit Julien Hézard, délégué CGT.

De son côté, la direction du groupe énumère les efforts déjà réalisés dans le cadre du plan engagé en 2017 pour restaurer la compétitivité de l’activité canalisation et raccord en fonte ductile : amélioration de l’organisation industrielle, investissements, cession des entités du site de Xuzhou en Chine pour environ 200 millions d’euros, rapatriement à Pont-à-Mousson de la production délocalisée à Brebach (Allemagne).

Derniers hauts-fourneaux lorrains

En coulisse les élus régionaux se mobilisent pour obtenir des garanties de la pérennité d’un symbole industriel. L’usine qui abrite les derniers hauts-fourneaux lorrains, est notamment célèbre pour sa production de bouches d’égout vendues partout dans le monde. En 1970, la fusion entre le fleuron Pont-à-Mousson et Saint-Gobain avait permis au second d’éviter une OPA du verrier BSN. Les députés de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier (PS) et Caroline Fiat (FI) ont été reçus à Bercy le 26 mars 2019 pour évoquer l’avenir du site.

« Saint-Gobain n’a pas posé de limites à sa stratégie, tout reste possible, le meilleur comme le pire », s’inquiète Dominique Potier. Le parlementaire invite les élus du territoire à se mobiliser aux côtés de l’Etat pour trouver une voie « qui garantisse la continuité de la production » et « permette de conserver une souveraineté européenne sur le secteur stratégique de l’adduction d’eau ». Le ministre de l’économie Bruno Le Maire devrait rencontrer les dirigeants de Saint-Gobain au cours des prochaines semaines.

https://www.usinenouvelle.com/article/saint-gobain-pont-a-mousson-s-appreterait-a-ouvrir-son-capital-a-son-concurrent-chinois.N826500

Saint-Gobain PAM, un fleuron industriel français bientôt étranger  ? La Tribune

Avec pas moins de quatre questions au gouvernement la semaine dernière, les élus de tous bords interpellent le ministre de l’Economie sur le rachat de Saint-Gobain PAM par un concurrent étranger. Ce rachat pose en effet, dès à présent, une série de questions.

Première question : voulons-nous que le savoir-faire de ce fleuron industriel français quitte le territoire ?

Rappelons que PAM détient un portefeuille conséquent d’actifs stratégiques dans le domaine de l’eau avec pas moins de 1.500 brevets, grâce notamment à l’excellence de son centre de recherche et développement et à un savoir-faire centenaire. Basée dans l’est de la France, Saint-Gobain PAM est aujourd’hui reconnue dans le monde entier grâce à ses innovations autour des techniques de centrifugation, fonte ductile, revêtements. Chaque année, ce sont en moyenne 50 inventions qui sont déposées à l’INPI sur les produits et les procédés.

Sur la base de ses 50.000 références, l’entreprise livre tous les ans 40.000 km de canalisations dans 136 pays. L’actualité nous a déjà montré qu’un tel portefeuille d’innovations, dans un secteur sensible comme celui de nos réseaux d’eau potable, peut susciter la convoitise de concurrents étrangers. Deuxième question : voulons nous abandonner l’opportunité de faire construire nos canalisations fonte en France ? Longs d’1,5 million de km, les réseaux d’eau et d’assainissement représentent un actif stratégique pour notre pays et pour nos concitoyens.

Un savoir-faire unique qui risque de partir à l’étranger

Depuis mars 2018, les Assises de l’Eau, voulues par le Président de la République, ont  clairement souligné la nécessité de renouveler ce patrimoine de l’eau et de l’assainissement dont la valeur à neuf est estimée à plus de 300 milliards d’euros, et qui souffre d’un déficit chronique d’investissement. Chaque année, le taux de renouvellement des canalisations atteint 0,6 %, soit 167 ans pour les renouveler complètement !

À l’heure où le taux de fuite dans nos réseaux dépasse les 20 %, à l’heure où la part des travaux de canalisations représente 60 % des investissements en eau et assainissement des collectivités, les entreprises françaises, dont Saint-Gobain PAM, sont prêtes pour le renouvellement de nos canalisations.

Soulignons l’importance pour l’économie locale des chantiers de renouvellement, de modernisation et d’entretien de nos infrastructures d’eau et d’assainissement : Saint-Gobain PAM fait partie intégrante de ce soutien économique aux territoires, tant par l’implantation de ses usines en France, que par la participation à tous ces chantiers. Dans ce contexte, n’est-il pas paradoxal de devoir importer des canalisations d’un ancien fleuron français passé sous contrôle étranger ? Enfin, troisième question, notre pays veut-il garder son excellence dans le domaine de l’eau ? Cette excellence fait la renommée de la France à l’international, tout en ayant un impact très positif sur la balance commerciale de notre pays. Saint-Gobain PAM y contribue largement par son savoir-faire, par sa R&D, par ses innovations, mais aussi par sa capacité à associer TPE/PME et start-up autour de projets d’envergure. Cette entreprise génère ainsi un formidable effet d’entrainement sur l’écosystème français des acteurs de l’eau.

Cet écosystème, nous sommes dès maintenant conviés à le préserver, à le cultiver et à le faire croître : c’est tout le sens de la loi Pacte ; c’est aussi tout l’objet du Conseil national de l’Industrie que pilote son vice-président, Philippe Varin. Dans le cadre du CNI a ainsi été créé le Comité stratégique de Filière Eau dont le contrat de filière a été signé le 31 janvier dernier à Rennes en présence d’Agnès Pannier-Runacher. Au moment où l’on cherche à réindustrialiser la France, il est impératif de conserver un fleuron de l’industrie française ! Fédérations professionnelles des travaux publics, de l’eau et de l’assainissement, nous appelons tous les acteurs concernés à agir pour que sur le long terme, nous puissions conserver sur le territoire national des leaders mondiaux dans notre secteur.

Par Bruno Cavagné, président de La Fédération nationale des Travaux Publics, Jean-Luc Ventura, président de l’Union nationale des Industries et entreprises de l’eau et de l’environnement et Alain Grizaud, président des Canalisateurs de France.
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/saint-gobain-pam-un-fleuron-industriel-francais-bientot-etranger-815032.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR140qGxrdYFRA3welTR4uiWuyhkh9tcLIutPRsjDU1ZbaoSYnREIgK-XTs#Echobox=1556028692

 

7 réflexions sur “Saint Gobain; la grande liquidation de l’industrie française se poursuit.

  1. . . . et avec un portefeuille conséquent de brevets dans une foultitude de domaines !
    Peut-être que ce sont les financiers qui ont pris le pouvoir sur les ingénieurs qui décident aujourd’hui à tod et à travers à la sauce d’une intelligence artificielle non maitrisée.

  2. Mais le capitalisme totalitaire et dominant n’a pas d’argument pour refuser les chinois !
    Nos dirigeants ont systématiquement retiré aux États leur capacité à décider en matière d’économie.
    Où est le problème ? cela dure depuis des dizaines d’années, on en parle depuis longtemps, le CAC40 se fait dévorer par des capitaux étrangers : cela n’a jamais gêné personne …

    Pourquoi les Chinois dérangent-ils ?
    Pas plus salauds que les autres que je sache, LE BUT est toujours le même, se gaver.

    Où est le problème ?

    La dé-quoi ?
    démocratie ? connais pas.
    Ah si maintenant ça me revient, mon grand-père en parlait …
    bah c’est dépassé non ?

  3. Je peux comprendre l’attitude des « capitalistes » français qui sont tout autant capitalistes que ma grand mère faisait du vélo ! la vérité ? c’est le plus profond dégoût jusqu’à en vomir de se voir vilipender incessamment, d’être racketté par un état indigne ( Ô ministres intègres ! conseillers vertueux ! Voilà votre façon. de servir, serviteurs qui pillez la maison ! Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure …) qui fait venir des gents incultes, incapables de compréhension pour le b.a ba d’une production, de diriger des syndicalistes marxistes qui n’ont de cesse que de démolir l’entreprise et font semblant de travailler en tapant aléatoirement (je ne suis pas sûr qu’ils connaissent ce mot) sur un établi pour qu’on croit qu’ils font du labeur. Ce que la France perd ? c’est aussi l’expérience, les idées, la culture, l’exemple pour les générations futures : merci l’État et ses ponctionnaires acharnés ! . . . et peut-être que sous d’autres cieux . . .

  4. Les dirigeants à la Macron, sont des pantins mis là par des « intérêts supérieurs » et sont surtout attentifs à mettre en place les conditions-cadre nécessaires au rachat par des entités privées de tout ce qui peut générer un bénéfice à l’Etat. Et cela se voit partout. Demain, les aéroport, après-demain les bâtiments historiques dans lesquels se pavaneront, tels des rois, les nouveaux princes de ce monde.

  5. Pas bien compris la grand-mère, la mienne (née au début du 20ème siècle) faisait beaucoup de vélo.
    Par contre je sais une chose, le capitalisme est passé d’une certaine forme libérale à une financiarisation folle. Il est passé d’une forme productiviste vers le « rentabilisme » (on dit aussi la « profitation »).
    Et la plupart des entreprises sont devenues des « pisseuses de fric » – par analogie à la transformation de ‘la vache’, de l’animal élevé à la machine transformatrice : intrants→lait, matière$→matière$$$ – une transformation peu perçue car cela toujours été le but. Mais la différence est de taille, l’entreprise est passée du statut social au statut valeur monétaire, potentiel de liquidités, valeur marchande. Tout comme la monnaie passant du statut moyen d’échange en marchandise.

    Dès lors, la mercantilisation de tout ce qui existe, personne, entreprise, monnaie, nature, … donne aux détenteurs le pouvoir du propriétaire sur ces objets : ce pouvoir sacré de la propriété de jouissance, de revente, de destruction. Le pouvoir capitaliste a pris le pouvoir total sur les choses et les gens. Le compromis social, Etat-ordonnanceur/population-décideur s’est muté en une dictature capital-décideur / choses du monde-source-outils_de_profits. Ceci se voit moins en Suisse qu’ailleurs, mais regardez en France où en Angleterre. Qui décide de quoi faire sinon l’octroyeur du capital, lequel a droit de vie et de survie_miséreuse/mort sur les personnes et les entreprises, donc sur la Société.
    Le capital est devenu totalitaire, le capitaliste dictateur, c’est un fait.
    Un élément de preuve de cette situation de dictature de fait est la crise des sub-primes qui d’une escroquerie financière provoque une récession mondiale. La finance spéculative domine toute l’économie. Le capital n’est plus le moteur social mais le fossoyeur planétaire.

    Regardez Sanofi : cette entreprise a émergé de la volonté d’un homme. Il a obtenu une avance de capital (par copinage mais aussi compétence avérée) pour lancer la fabrication de produits pharmaceutiques (je n’ose plus parler de médicaments). Il parvient à construire un géant pharmaceutique cohérent : R&D, production, .. Une fois parti, les vautours financiers se précipitent et se gavent et mettent en péril cette cohérence productive, industrielle.
    Le racket EST financier pas étatique. Sauf quand l’État est gangrené par les banquiers, les affairistes, les financiers. C’est évidement le cas en France (et aux États-Unis par exemple). c’est pourquoi j’ose employer le terrible mot de totalitarisme. Le capitalisme est devenu un totalitarisme, il a pris tous les pouvoirs, il manage et gère la société.

    C’est cela le seul vrai problème du monde ; le monde, où nous sommes condamné à vivre qqs instants, ce monde unique, non substituable mais dévasté sans mon consentement mais en mon nom.

  6. Le capitalisme n’a pas de patrie… Dans sa logique, peu importe que les chinois rachètent telle ou telle entreprise : le tout est que des dividendes soient versés ! Pour cette raison, la nation n’a pas d’avenir dans le système globalisé.

  7. @Jean
    1980 > 2,6 millions de fonctionnaires
    2016 > 5,6 millions
    à 3,6 millions d’€ pour l’ensemble de leur carrière en moyenne chacun.
    Chaque tranche d’un million d’entre eux coûte 3,600 milliards d’euros, résultat à part de rares exceptions, les PMI/ETI potentiellement productrices s’éteignent les unes après les autres, au profit des monopoles étatiques ou privés

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