Mise à jour. Revenu universel: un marketing global piloté par les grandes entreprises mondialisées. Vincent Held

Zuckerberg III.pngSource: Mouvement français pour un revenu de base (via Youtube)

Mais d’où provient donc cet engouement soudain pour l’idée du revenu de base universel ? Des plus grandes icônes anticapitalistes aux milliardaires anglo-saxons, des technocrates bruxellois aux magnats de la Silicon Valley – en passant par le monde académique… Le revenu de base est aujourd’hui au centre de toutes les attentions !

Il convient donc de s’intéresser d’un peu plus près à cette « utopie sociale » qui présente encore des zones d’ombre intrigantes…

___Graphique p.131Une image marquante du marketing global en faveur du revenu universel : le déversement de 8 millions de pièces de 5 centimes sur la Place fédérale à Berne, en octobre 2013. (Photo: Stephan Bohrer)

Prenons l’exemple du tentaculaire Basic Income Earth Network – ou Réseau mondial pour le revenu de base, en français. Il est vrai que cette ONG basée en Belgique – et implantée jusqu’en Inde, en Chine et au Japon ! – est animée par des militants de base idéalistes…

Pourtant, l’on découvre peu à peu que le professeur londonien Guy Standing, qui a fondé le mouvement, est très apprécié du Financial Times. Mieux encore, cet utopiste social à la rhétorique marxiste entretient d’excellents rapports avec les magnats du Forum de Davos et du sulfureux groupe Bilderberg !

Guy Standing, l’anticapitaliste préféré des élites mondialisées

Il faut dire que les soutiens du revenu de base universel ne manquent pas dans les milieux d’affaires mondialisés. En témoigne cette citation de l’ancien PDG d’Axa, Henri de Castries, qui siège aujourd’hui notamment aux conseils d’administration de HSBC et Nestlé :

« Beaucoup de gens ricanent devant l’idée du revenu universel. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Cette idée n’est pas idiote. » [1]

Peu étonnant, donc, que Guy Standing ait participé à la conférence du club Bilderberg de juin 2016, qui s’était tenue à Dresde sous la présidence d’Henri de Castries, justement.

Juste après cette rencontre à huis clos avec les « maîtres de l’univers »[2], le Prof. Standing allait encore se voir offrir une tribune libre de près de quarante minutes au Forum de Davos, en janvier 2017. Il s’y sera également livré à un débat fort peu contradictoire avec des hommes d’affaires incontestablement bienveillants à son égard.

Guy Standing Davos.jpgLe Prof. Standing au Forum économique mondial de Davos, le 18 janvier 2017. (Source: World Economic Forum – via Youtube)

Il faut dire que lors de son édition précédente, le Forum de Davos avait déjà organisé un débat d’experts économiques autour de la question du revenu de base universel. Or, contre toute attente, ceux-ci avaient globalement exprimé de la compréhension – voire de la sympathie – pour cette idée venue de la gauche radicale.

___Graphique p.132.jpg« Que feriez-vous si votre revenu était assuré ? » Cette campagne d’affichage monumentale en plein cœur de Genève aura assuré une visibilité mondiale à l’initiative suisse pour le « Revenu de Base Inconditionnel » (Source : Grundeinkommen.ch)

Le parcours personnel tortueux du Prof. Standing illustre ainsi à merveille l’ambiguïté qui entoure la question du revenu de base universel. Quoique qu’elle ait essentiellement été présentée au public comme une avancée sociale, il se pourrait bien, en effet, que cette idée bénéficie en priorité aux grandes entreprises mondialisées. Avec, à la clé, une opportunité historique de comprimer le coût de la main d’œuvre, grâce à l’automatisation massive des tâches susceptibles d’être effectuées par l’intelligence artificielle (IA).

« Créer des places de travail, ce n’est pas social. » (Daniel Häni, chef de file du mouvement suisse en faveur du revenu universel)

Rien d’étonnant, donc, à ce que le marketing global en faveur du revenu universel bénéficie de puissants soutiens financiers… pas toujours très transparents !

Après la crise - couverture (hi-q)

 

Par Vincent Held. Thématique tirée du livre « Après la crise », disponible par exemple chez Decitre, à La Fnac ou chez Payot (Présentation de l’éditeur)

https://www.youtube.com/watch?v=yd1jmibGEKQ

Notes

[1] « Quand le filloniste Henri de Castries défend le revenu universel de Benoît Hamon », Challenges, 24/01/2017

[2] Cette expression volontairement provocante nous vient du grand quotidien britannique The Telegraph. Une tonalité que l’on retrouve d’ailleurs dans le quotidien économique français Les Échos

BHL défend le « quantitative easing du pouvoir d’achat », ou la distribution d’argent gratuit à tous…

 

5 réflexions sur “Mise à jour. Revenu universel: un marketing global piloté par les grandes entreprises mondialisées. Vincent Held

  1. Le revenu universel sans mérite, travail, fatigue, est un instrument d’inflation qui ne dit pas son nom, c’est un leurre pour les couches de population les moins éduquées et revendicatrices à tout bout de champs, cela les calmera-t-il ? à mon avis, jamais ! il en faudra toujours plus.

  2. L’idéologie de l’ « Europe » qui se traduit par l’imposition d’une même norme, d’une même monnaie avec tous les ravages d’appauvrissement que l’homogénéisation « européenne » de cette « Europe » soumise à Washington via le diktat de l’Allemagne va-t-elle continuer à s’imposer à tout un continent pour sa débâcle avancée? Spécialement l’Europe méditerranéenne? Nous sommes saoulés d’entendre cette logorrhée, la jactance de ce « crédo » humaniste, ce faux nez de la puissance financière sur le monde, mais rabâché ad nauseam depuis plus de 30 ans, ici par BHL qui est l’une des principales grenouilles, plutôt crapaud du présent système. Cette « idéologie « européenne », dis-je, ira-t-elle jusqu’à appliquer la Justice technique (comme on le fait en sciences physiques et mécaniques) dans les mécanismes bancaires et de la création monétaire et ainsi que les producteurs et leurs familles aient en mains, enfin assuré! leur vrai pouvoir d’achat des produits et des services qu’ils fabriquent. Les producteurs sont les seuls et uniques qui donnent sa valeur à la monnaie. Les habiletés langagières et manœuvrières de BHL sont là pour nous faire avaler les iniquités d’un tel pouvoir financier sur le monde. Des QE pour assurer notre pouvoir d’achat?
    Entièrement d’accord. Mais engagez-vous de vous retirer ipso facto dans les mois qui viennent si vous n’y arrivez pas.

  3. Devant l’appauvrissement progressif et inéluctable de la masse des classes moyennes, le système doit assurer sa survie en maintenant la consommation. Comment faire, sinon en fournissant au plus grand nombre un « minimum vital » qui permettra d’alimenter le marché et de faire tourner la machine avec le moins de frais possible pour maintenir un profit, notamment grâce à l’ IA …

  4. En tout cas pour la précédente initiative RBI-ch (2016) ils (infra–comico-libéraux ni les infra-comico-socialos) n’ont pas donné un kopeck (aucun : bien au contraire !) ! alors « s’ils(néo-comico-libéraux) prennent le train en marche » (parce qu’ils y sont contraints -par l’évidence du RBI- (qui représente un don et pas-du-tout un vol : tout comme l’existence t’a été donnée, tu ne l’as pas volée) grand bien nous fasse à tous et toutes, que se soit par les néo-comico-libéraux ou par les néo-comico-socialo ou comme les néo-comico-conservateurs) ! Mais pour en revenir sur le fond je voudrais bien que l’on m’explique -si c’est le cas- ? pourquoi ils scieraient la branche (RBI) sur la quelles ils sont assis (actionnariat-dividende) ? Le RBI ne représente pas un projet d’’infra-politique duelle : véritablement possession psychique (droite contre gauche ; le malheur des uns contre le malheur des autres) ni d’infra-économie mais de CIVILISATION : tout comme l’oxygène n’est ni de droite ni de gauche ni comico-libérale ni comico-sociale, n’a pas de couleur infra-politique. Le RBI représente l’outil moderne de réalisation du CITOYEN (de tous les citoyens et le moyens d’assurer la transition écolo-climatique aisément : Jean-Jacques reposes tranquille le RBI cohérent-raisonnable-moderne-intelligent-souple-adapté-adaptable ! va le réaliser ton « contrat social » ! Il est avant tout temps d’agir POUR le climat et de cesser de se battre pour savoir qui avait -a eu- raison !?! Voulez-vous persister à discuter s’il vaut mieux rater le cible de 5 cm plutôt du de 90 cm !?!

  5. « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain »…. j’aimerai paraphraser le grand manitou du bilderberg…. Perso, je suis un grand fan du revenu de base inconditionnel.. Je me suis beaucoup impliqué dans la campagne de votation sur le revenu de base inconditionnel qui a eu lieu en juin 2016.
    Je trouve que c’est une idée merveilleuse. Mais par contre je doute que beaucoup de gens qui veulent un revenu de base inconditionnel le veulent pour de bonnes raisons !! (et surtout pas les puissants de ce monde !)
    … L’idée est en avance sur son temps. (même si déjà proposée en partie il y a 500 ans par Thomas Moore) L’idée présuppose une société de la confiance. Une société dans laquelle la rémunération change complètement de mode de fonctionnement.

    Ceci dépend d’une vision du monde. Les gangs se rémunèrent à la tête du client. Les administration en fonction d’une hiérarchie de classe de salaire, les entreprises rémunèrent au mérite en fonction de l’accomplissement d’objectifs. Dans les ONG et coopératives c’est une personne une voix, mais aussi chacun a le même salaire. Aucune tête qui dépasse. Puis on commence à avoir des visions du monde qui évoluent vers un principe de rémunération totalement différent qui lui est proche d’une approche par revenu de base inconditionnel. En fait on mélange différent principe. On assure que toutes les personnes de son organisation puissent vivre correctement. On leur donne un cadre de sécurité qui les mets à l’aise pour pouvoir se concentrer sur ce qu’elles ont de meilleur à apporter au monde au service d’une raison d’être qui les dépasse.
    C’est le genre d’organisation « opale » comme Frédéric Laloux les appelles dans son livre « reinventing Organizations ». C’est une partie infime mais grandissante d’entreprises et d’organisation qui fonctionnent autrement. C’est à mon avis uniquement dans ce cadre là, et dans cette vision du monde là que le revenu de base inconditionnel est vraiment bien compris.

    Il faut un certain niveau de confiance en l’autre (et par effet miroir en soi) pour réussir à accepter l’idée du revenu de base inconditionnel.
    Les gens qui se positionnent en sauveurs, (voir le triangle de Krapman: bourreau, victime, sauveur) ne comprennent pas. C’est souvent la gauche traditionnelle qui veut organiser la formation professionnelle, et distribuer des aides sociales conditionnelles pour aider les gens… ce qui donne sens à leur vie… Ce qui implique que pour être sauveur il faut obliger le gens à passer par soi…. donc il est exclu que le revenu de base soit inconditionnel !!

    Puis, il y a les gens très pris dans leur manque de confiance. « On ne peut pas faire confiance… Si on donne du fric gratuitement, sans condition… plus personne ne va bosser ! » … En fait c’est le reflet d’un manque de confiance en soi. C’est projeter son manque de confiance en soi sur l’autre….

    Ensuite, il y a les gens, je dirais plutôt traditionalistes et/ou centre droite qui en mode pragmatique vont être contre l’idée car il faut la financer…. « comment on finance ça ?… c’est pas possible.. donc non ».
    Parfois c’est une excuse qui cache le manque de confiance que je décrivais ci-dessus. Car quand on veut vraiment quelques chose. On trouve les moyens de le financer !

    Puis il y a la « droite décomplexée », les libertariens qui aimeraient bien balancer le système social aux ordures. Mais qui se rendent bien compte que sans consommateurs et bien plus de business rentable pour eux. Je pense que les big boss de la silicon valley sont dans ce cas.
    (sauf Jan Koum le créateur de whatsapp qui a vécu des bons alimentaires avant devenir milliardaires !)

    Les big patrons du bilderberg sont aussi dans une posture de sauvegarde de leur intérêts. Ils sentent bien une sorte d’effondrement. Il n’ont pas envie qu’une révolution balaye leur privilèges. Ainsi ils sont prêts à des concessions pour perpétuer le système en place. Autant que l’Etat donne de l’argent aux pauvres… ça va les calmer… les anesthésier et il pourront consommer dans les business des ultra riches..

    En mai 2017, j’ai moi aussi écrit un article similaire à celui-ci… c’était suite à la participation de Guy Standing au groupe de Bilderberg… En général quand un sujet arrive là bas… comme par miracle il devient réalité….. oh… Macron obscure secrétaire adjoint au cabinet de Holland passe par là… pouf il devient président… Oh… un obscure maire d’une ville français passe par là.. et il devient premier ministre…. Mouais…. simple coïncidence….

    Donc vous l’aurez votre revenu de base….. mais pas celui que je défends ! Pas l’Inconditionnel.
    Vous aurez le revenu de base conditionné par le fait que l’élite mondiale ne change pas et que vous resterez un consommateur lambda..

    https://martouf.ch/2017/05/le-groupe-de-bildgerberg-veut-mettre-en-place-le-revenu-de-base-inconditionnel/

Laisser un commentaire