Émission Infrarouge sur « Monnaie Pleine »: Sergio Rossi a fait tomber les masques! Vincent Held

masquecarnavalvenise.jpg

Au cours de l’émission du 23 mai dernier, ce professeur spécialiste des questions monétaires a confirmé nos analyses sur deux points essentiels: 1) la « garantie d’État » de 100’000 francs sur les dépôts bancaires suisses est un mythe (ce que personne n’a osé contredire sur le plateau) et 2) la politique « non conventionnelle » de la Banque nationale est vouée à un échec retentissant. Qui plus est, ce sont les épargnants suisses qui vont devoir passer à la caisse pour des montants astronomiques!

Pourquoi alors garder une attitude aussi ambigüe vis-à-vis des montages financiers explosifs de la BNS? Le Prof. Rossi reconnaît en effet lui-même que son initiative ne changera rien, puisqu’elle n’a aucune chance d’être acceptée… Pourquoi alors ne pas aborder frontalement la question de l’endettement effréné de la Banque nationale? En se cantonnant dans un discours technique seulement accessible à une poignée d’initiés, n’est-il pas en train de laisser passer les opportunités d’infléchir une politique qu’il sait être contraire à l’intérêt général?

Il serait décidément trop facile de jouer le jeu d’une classe politique au cynisme de plus en plus flagrant, pour venir ensuite pleurer sur le lait renversé…

Commençons par un bref rappel. Le président de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Jordan, a lui-même reconnu que son institution était massivement endettée vis-à-vis du secteur bancaire suisse.

 « Les avoirs à vue des banques à la BNS […] correspondent à un crédit accordé par les banques commerciales à la BNS. » (La BNS a-t-elle besoin de fonds propres?, septembre 2011)

Or, à l’heure actuelle, les « avoirs à vue » en question représentent pas moins de 500 milliards de francs, inscrits en toutes lettres au passif du bilan de la BNS! Une dette qui représente la moitié de la masse monétaire totale du pays!

Bilan - BNS - Avoirs à vue des banques

N’y a-t-il pas là un risque qui mériterait d’être connu du grand public, et pas seulement des politiciens qui soutiennent activement une politique qu’ils savent être dangereuse?

En réalité, les épargnants suisses sont d’ores et déjà garantis de passer à la caisse – brutalement, qui plus est. C’est ce qu’a expliqué à demi-mots le Prof. Sergio Rossi au cours d’une émission Infrarouge (23’50 ») diffusée par la télévision d’État suisse (RTS) le 23 mai dernier:

« Aujourd’hui, il y a une garantie [des dépôts bancaires] qui va jusqu’à 6 milliards au total, mais avec 500 milliards de dépôts à vue [des banques à la BNS], c’est clair que l’on va toucher 1000 ou 1500 francs si une banque part en faillite. »

En une seule phrase, ce spécialiste des questions monétaires a confirmé deux points essentiels :

  1. La « garantie des dépôts bancaires » dont parlent régulièrement les médias suisses n’existe pas. Et, visiblement, tout le monde sur le plateau le savait!
  2. C’est bien l’endettement de la BNS (les « dépôts à vue » des banques) qui pose problème. Le Prof. Rossi s’attend tout simplement à un défaut de paiement de la Banque nationale vis-à-vis de ses créanciers! Et à un défaut quasi-total, qui plus est! Pourquoi alors ne pas aborder ouvertement la question de l’endettement de la Banque nationale?

Il peut enfin être utile de rappeler que la politique monétaire actuelle de la BNS a été qualifiée de « bombe à retardement » par l’un de ses plus hauts dirigeants… et que les lois suisses de confiscation de l’épargne n’ont sans doute pas été créées pour rien!

Évolution des lois de confiscation de l’épargne en Suisse: le Prof. Rossi a raison, il n’y a plus de limite – et les milieux politiques le savent très bien!

2011-2012

 

2014

 

2016

Législation « too-big-to-fail » (autorisation des confiscations sur les dépôts bancaires à partir de 100’000 francs pour venir en aide aux grandes banques: UBS, Credit Suisse, etc.)

Ordonnance de la Finma sur l’insolvabilité bancaire (introduction d’une procédure de  « réduction de créances » autorisant des confiscations de l’épargne « partielles ou totales », cf. art. 50 du texte)

Modification de l’Ordonnance sur les Fonds Propres (OFR) (autorisation explicite par le Conseil fédéral des « réductions de créances », cf. Rapport explicatif, art.126a)

Par Vincent Held, Master en Finance (HEC Lausanne) et auteur du Crépuscule de la Banque nationale suisse, paru aux Éditions Xenia (synopsis). 

Notre dossier Monnaie pleine ici

5 réflexions sur “Émission Infrarouge sur « Monnaie Pleine »: Sergio Rossi a fait tomber les masques! Vincent Held

  1. Toutes les banques centrales sont vérolées et le système financier est proche de l’implosion. Quitte à me répéter, je le redis encore une fois : nous sommes tous dans le même bateau, y compris la Suisse. Pourtant connue autrefois pour son sérieux, elle ne fait aujourd’hui pas exception et subit la même gangrène.

    D’ailleurs, cela en est rendu à un tel point que même les allemands veulent maintenant se sortir du nid à merde : coup de gueule des 154 plus grands économistes allemands.

    https://insolentiae.com/eurocalypse-les-allemands-veulent-une-procedure-ordonnee-de-sortie-de-leuro-2/

    C’est dire….

  2. Bonjour;
    J’ai cherché et retrouvé un document concernant l’article 50 cité dans votre billet.
    N’étant pas un pro de la finance je me demande si c’est bien le texte suivant auquel vous faites allusion.

    Art. 50
    En parallèle ou en lieu et place d’une réduction des fonds propres existants, d’une
    acquisition de nouveaux fonds propres ou de la conversion de fonds de tiers en
    fonds propres, la FINMA peut ordonner d’autres mesures, notamment une renonciation
    partielle ou totale aux créances, un report des échéances ou une suspension des
    paiements d’intérêts.

    Ce texte se trouve dans le document: « biv finma.pdf »
    Merci d’éclairer ma lanterne

  3. Merci, je n’avais pas vu le lien qui est en vert et que j’ai confondus avec le texte noir.

Laisser un commentaire