20 trillions de dollars. Ce chiffre stratosphérique représente la dette américaine. Elle est financée en partie par des « investissements » – nous devrions parler à ce stade de sponsoring- provenant d’Etats tiers. Toutefois, la part importante du financement provient de l’intérieur des Etats-Unis, via par exemple les fonds de pension ou de retraite (voir pour cela Who Owns the U.S. National Debt? The Biggest Owner Is You!)…
Voici la liste des créanciers de l’Etat américain pour l’année 2017 par pays. Sans surprise, la Chine tient le haut du classement. Grâce à la BNS, la Suisse se classe 6ème contributeur, avec un supplément de 20 milliards environ en 12 mois).
La France y est 17ème…
La présence des îles Cayman en 5ème, puis plus bas 4ème, position est très parlante. Ce paradis fiscal qui prive les pays – dont les Etats-Unis- d’importants revenus fiscaux, achète de la dette américaine… Comment justifie-t-on la chose au niveau politique?
En milliards de dollars, août 2017 (source: Statista)
Vous pouvez découvrir ci-dessous l’évolution de la participation des uns et des autres sur une période de 12 mois.
Ce qui saute aux yeux, c’est le bond réalisé par l’Arabie saoudite dont la participation est majorée d’environ 50% en un an! Dans le contexte géostratégique de la région et l’état financier du pays, l’information est plus qu’intéressante….
Fin novembre 2017
Liliane Held-Khawam
BONjour Liliane,
Je lis vos questions et constats. N’étant pas un spécialiste, je reste par contre sur ma faim à défaut de réponse ou en présence de points de suspensions! Pourriez-vous être un peu plus complète sur la justification politique de l’achat de dette par les « paradis fiscaux », respectivement l’influence de l’achat de dette US par l’Arabie saoudite?
Personnellement, je ne vois que risque pour les détenteurs de dette US en raison de la vraisemblance d’un défaut de paiement US, comme des autres états (sur)endettés du reste!
Bonjour Pssst008, j’espère comprendre votre question. Je dirais:
1. L’argent des multinationales américaines est stationné dans les paradis fiscaux grâce à une législation qui leur offre un avantage, officiel et légal, fiscal concurrentiel en ne rapatriant pas leurs bénéfices sur sol américain.
Or, cet argent aurait augmenté les recettes du gouvernement.
Mais voilà que celui-ci préfère y renoncer et se faire prêter par les banques des îles Cayman une somme plutôt imposante.
Ainsi, nous nous retrouvons avec des dettes avec l’argent qui aurait dû générer des recettes… (https://lilianeheldkhawam.com/2016/05/24/largent-des-banques-centrales-finit-dans-les-paradis-fiscaux-liliane-held-khawam/)
2.- Le régime saoudien a coup sur coup:
– privatisé son patrimoine et infrastructure, ce qui va bénéficier en premier lieu aux multinationales US. https://lilianeheldkhawam.com/2017/12/03/la-privatisation-de-larabie-saoudite-a-commence-an-nahar-maurice-matta/
– confisqué les biens d’une brochette de ses princes milliardaires, qui étaient propriétaires à titre personnel de leurs groupes…
– mis la main à la poche pour sortir 50 milliards de dollars en 12 mois pour acheter une dette américaine vouée à la restructuration.
Qu’en déduisez-vous?
Pas 20 trillions mais 104 trillions !!!
La preuve par des spécialistes de la comptabilité :
https://www.truthinaccounting.org/
Amitiés.
104 trillions c’est la dette totale des citoyens américains, gouvernement, dette carte de crédits, dette étudient, dette bancaire, etc…. « seulement » 687.000 $ pour chaque contribuable, réduire la valeur du dollar devient une nécessité, mais il me semble qu’aucun analyste ne porte en public les dettes des Européens, ni en Suisse ? Avez-vous faite une analyse en Suisse Liliane sur la dette réelle des Suisses ?
Astronomique certes mais les américains, eux, ont au moins le droit de savoir qui détient leur dette. En France c’est une toute autre paire de manches car ce qui s’y pratique est carrément scandaleux et totalement opaque puisqu’une loi interdit carrément aux contribuables français de le savoir.
https://www.bastamag.net/La-dette-de-la-France-un-secret
https://www.lesechos.fr/14/07/2016/lesechos.fr/0211127084304_pourquoi-l-etat-ignore-qui-detient-sa-dette.htm
Quant à celle qui oblige l’Etat français à emprunter sur les marchés financiers privés, nous la devons à Georges Pompidou qui avant d’être président fut l’ancien directeur de la Banque Rothschild de 1956 à 1958.
Rien n’étant dû au hasard, notre dernier résidant en date à l’Elysée, Emmanuel Macron, fut également banquier d’affaires chez Rothschild en qualité d’associé-gérant de 2008 à 2012.
http://marcjutier.over-blog.fr/page-8321428.html
Et pourtant, les français l’ont élu en toute connaissance de cause. Un véritable syndrome de Stockholm !
@literato. Ce tableau ne permet pas complètement de savoir qui détient la dette mais où elle est détenue. Nuance. Ne pensez pas que la Belgique détient 100 milliards de dettes US… Pour certains pays on en sait plus comme pour la Suisse où l’on sait que c’est la BNS qui porte seule les 250 milliards de dollars..
Petit bémol Seb, tout n’est pas en mains de la BNS. Les quelques 200 milliards de dollars qu’elle détient couvrent aussi des obligations d’entreprises et des actions US.
Les fonds de pension suisses, UBS, CS, les opérations de repos et autres crédits en CHF en échange de collatéraux doivent engranger quelques bonds du gouvernement US.
Non Jean, je n’ai pas fait l’exercice. Dans la masse d’endettement, on trouve celui des entreprises, des banques elles-mêmes. Admettre le cumul revient à s’approprier les dettes des autres… En revanche, j’avais publié un billet sur l’explosion des dettes des ménages. https://lilianeheldkhawam.com/2017/03/26/lendettement-est-le-grand-succes-de-la-construction-europeenne-liliane-held-khawam/
J’ai encore ceci https://lilianeheldkhawam.com/2016/06/14/les-dettes-ont-explose-depuis-les-subprimes-liliane-held-khawam/
@Seb
Certes, le tableau ne permet pas complètement de savoir qui détient la dette américaine mais il donne tout de même un bel aperçu. Alors qu’en France, nos créanciers sont seulement identifiés comme « résidants » ou « non résidants ». La belle affaire !
https://www.lesechos.fr/14/07/2016/lesechos.fr/0211127084304_pourquoi-l-etat-ignore-qui-detient-sa-dette.htm
Mais peut être pourriez vous me fournir un tableau comme celui de l’article publié qui illustre la dette française ? Parce que moi je n’en connais pas ! Mais peut être qu’en Belgique ou en Suisse avez vous plus d’informations sur les créanciers de mon pays qui est la France ? Si c’est le cas je suis preneur mais je ne pense pas qu’il existe !.
@ Liliane… certes la BNS ne détient pas que des Treasuries mais quelque soit le support ça reste bien une exposition au dollar à hauteur de 250 milliards.
Merci Liliane des links, mais il me semble qu’avec la hausse spéculative des prix des habitations en Suisse, les dettes des ménages pourrait bien être dans les premiers groupes des champions de la dette mondiale et rien à envier aux américains.
@ Literato, vous avez raison difficile à trouver, seulement une information de 2014.
1.168,8 milliards d’euros. C’est le montant cumulé des dettes des ménages français d’après les derniers chiffres de la Banque de France (1er trimestre). Cela représente donc une moyenne de 17.709 euros par habitant et de 40.725 euros par foyer.
84,9 euros de dettes pour 100 euros de revenus
https://argent.boursier.com/quotidien/actualites/la-dette-des-menages-francais-seleve-a-pres-de-1-170-milliards-deuros-1749.html
@ Seb, Absolument!
Dans « https://www.lesechos.fr/14/07/2016/lesechos.fr/0211127084304_pourquoi-l-etat-ignore-qui-detient-sa-dette.htm », je cite « il faudrait demander aux investisseurs d’où vient l’argent qu’ils placent, et ils n’ont pas nécessairement envie de le dire. Il est évident que certains ont quelque chose à cacher » et aussi « Tous les experts auditionnés ont dès lors reconnu que la dette pouvait se retrouver sur des comptes dans des paradis fiscaux. »
Donc, si on fait défaut sur la partie de la dette souveraine détenue par les non-résidents, on verra les loups sortir du bois. J’espère en tous cas que le crime organisé international ne détient pas de dette souveraine (c’est difficile à concevoir, mais pourquoi pas ?). Et si la dette se retrouve dans des paradis fiscaux, on comprend mieux pourquoi les combattre semble perdu d’avance. De la à imaginer que la dette soit fictive en partie et serve à accumuler un trésor de guerre, au cas où, il n’y a que quelques pas, via d’alambiqués circuits.
Car organiser sciemment la possibilité de retrouver, même sur requête, un détenteur de titre de dette souveraine me semble plutôt énorme : comment croire telle ou telle institution en cas défaut de la France, et venant couiner pour récupérer son dû ? Il y a bien des mécanismes et des documents permettant de prouver ces créances, non ? Donc, on peut retrouver ces documents, quelque part…Question à creuser !
Les obligations gouvernementales sont concentrées en mains des gros dinosaures du genre Blackrock. Donc, pour arriver aux réels détenteurs, il faudra un petit moment encore.
Les créateurs de monnaie contre dettes publiques sont des primary dealers. Ils se débarrassent de leurs titres sur le marché secondaire et les refilent aux banques centrales et autres établissements locaux. Donc on risque de trouver des caisses de pension bien locales que les banquiers et autres assureurs ont conseillées au moment de leurs investissements.
Ceci dit, la détention CUMULEE des droits des actionnaires est plus importante finalement que d’être le propriétaire final.