Si la Suisse est encore une démocratie, alors il faut protéger les paysans. LHK

A l’issue de la votation, le 24 septembre 2017, « le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann s’est montré très satisfait du résultat «pas tout à fait inattendu» concernant la sécurité alimentaire. Le vote n’obligera pas à adapter des lois ou des ordonnances, mais il donne le cap de la politique agricole à venir, a estimé le libéral-radical. » (AFP)

Le peuple suisse soutient ses paysans.

Que ce soit dans les urnes, sur les réseaux sociaux, ou dans le coeur, les citoyens veulent non seulement consommer suisse -bio ou pas-,  mais aussi que les paysans de la région vivent dignement.

C’est comme ça et pas autrement.

Les élus le savent bien.

Le Conseil fédéral, qui a réussi à bénéficier miraculeusement de pouvoirs centralisés et démesurés, ne peut faire la sourde oreille aux demandes insistantes qui lui arrivent des citoyens-consommateurs.

Encore récemment, nous avons appris que:  » Sans attendre la décision de ses 28 voisins européens et malgré une analyse démontrant que 40% des aliments sont contaminés, le Conseil fédéral estime que l’herbicide est sans danger et refuse son interdiction » … Sans attendre ses voisins, mais surtout sans entendre son peuple.

 Le Conseil fédéral, fan de la première heure des multinationales de l’agro-alimentaire qui cherchent par-dessus  tout -y compris l’éthique- les performances financières, n’a pas d’autre choix que d’écouter activement les messages qui lui parviennent de tous les côtés.

A moins qu’il n’ait enterré le principe de la démocratie, hypothèse que l’on ne peut exclure…

LHK

Schneider-Ammann va avoir les paysans sur le dos! Eric Felley

Après le vote sur la sécurité alimentaire, le très libéral Johann Schneider-Ammann a fâché les agriculteurs. Ils vont lui rentrer dans le cadre lors de la session d’hiver.

Le libéralisme de Johann Schneider-Ammann se heurte au monde paysan, qui lui reproche son dogmatisme à vouloir ouvrir le marché suisse à la concurrence.
 

Le programme de la session d’hiver, qui débute lundi prochain, fait une large place au budget 2018. L’UDC, associée parfois avec le PLR, veut davantage d’économies. Mais les agriculteurs ne sont pas menacés dans cet exercice. Au contraire, ils devraient y obtenir une rallonge de 84 millions de francs pour les paiements directs. Cependant, le monde agricole est furax pour une tout autre raison.

En présentant le 1er novembre dernier un rapport concernant l’avenir de l’agriculture suisse et l’ouverture du marché agricole, le chef de l’Économie, Johann Schneider-Ammann, a suscité l’incompréhension. Sa nouvelle stratégie à l’horizon 2022 a une couleur très libérale. Peut-être trop. Intensifier les accords de libre-échange, réduire la protection douanière, établir des connexions entre les marchés suisse et internationaux, en Asie et en Amérique. Il a plaidé pour des agriculteurs plus compétitifs, qui devront se percevoir comme «des entrepreneurs capables de réagir aux opportunités et aux risques du marché».

Un discours libre-échangiste

Le chef de l’Économie aurait-il oublié le vote du peuple du 24 septembre? 78,7% des Suisses ont plébiscité l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire, qui ancre dans la Constitution la défense de l’agriculture suisse. Son discours libre-échangiste a fait bondir l’Union suisse des paysans.

«Quand j’ai lu ce document de plus de 80 pages, réagit son directeur Jacques Bourgeois (PLR/FR), j’ai vu qu’il n’y avait que quelques lignes sur la votation du 24 septembre. C’est comme si tout le reste avait déjà été écrit avant! C’est un non-respect grossier du vote populaire et un affront aux familles paysannes de ce pays

Selon lui, l’évolution structurelle du monde agricole à la sauce 2022 condamne trois exploitations sur quatre à disparaître faute de reprises possibles.

Du coup, les réseaux paysans ont tiré la sonnette d’alarme sous la Coupole fédérale, en particulier au sein de la Commission de l’économie et des redevances (CER). Le 15 novembre, elle a traité d’une nouvelle initiative, «Pour la souveraineté alimentaire», lancée par Uniterre et soutenue par une septantaine d’associations écologistes et alternatives. Celle-ci va beaucoup plus loin dans la protection de l’agriculture que celle votée en septembre. Devant la CER, aucun élu ne l’a soutenue, mais il s’est passé quelque chose d’étrange: sur ses 25 membres, quinze se sont délibérément abstenus. Les élus PDC, UDC et quelques autres ont fomenté une résistance commune au ministre, quasi un complot.

L’initiative «Pour la souveraineté alimentaire» sera débattue devant le Parlement le 5 décembre. Les milieux agricoles ont décidé de profiter de cette occasion, où la prise de parole est libre, pour monter à la tribune et dire tout haut ce qu’ils pensent de la politique agricole 2022 à son mentor. «Cette abstention à la CER montre la volonté d’un certain nombre d’élus d’utiliser le débat sur l’initiative pour exprimer leur désapprobation envers Johann Schneider-Ammann, relève Olivier Feller, rapporteur de la CER sur ce dossier. Personnellement je suis aussi très critique sur ses propositions agricoles 2022, mais cette situation est très insolite.»

Comment expliquer que Johann Schneider-Ammann, qui connaît la sensibilité agricole du Parlement, ait à ce point assorti ces visions futures d’un libéralisme délétère pour la production suisse? «C’est du dogmatisme, soupire Jacques Bourgeois. Il y a une forte pression du reste de l’économie. Dans ces discussions d’accords de libre-échange, l’agriculture est considérée comme un boulet. Nous ne sommes pas contre ce type d’accords, mais il faut tenir compte de la volonté populaire de soutenir une agriculture suisse de proximité.»

Au cas où Johann Schneider-Ammann persisterait à vouloir ouvrir les frontières, l’initiative très contraignante «Pour la souveraineté alimentaire» risque finalement d’avoir ses chances devant le peuple.

Eric Felley, Le Matin

13 réflexions sur “Si la Suisse est encore une démocratie, alors il faut protéger les paysans. LHK

  1. La démocratie en point d’orgue, ou comment l’état et les institutions abandonnent les citoyens.

    Si nos dirigeants élus et/ou fonctionnarisés (les vôtres, les nôtres, les autres) s’acharnent à détruire les frontières, c’est qu’ils y trouvent leur compte.
    Leur politique repose sur l’essorage fiscal des classes moyennes et il faut bien trouver d’autres lampistes sur qui taper.

    A ce propos,  je ne connais pas la répartition de la représentation socio-professionnelle à l’Assemblée Nationale suisse, mais chez nous les agriculteurs ne sont quasi pas représentés. 
    En réalité L’AN n’est représentative que d’une élite auto proclamée qui tend à la plus rigoureuse des discrétions tout en se goinfrant des deniers publics et cette organisation parasitaire perdure depuis des dizaines d’années.

    C’est si beau l’Europe !

  2. C’est peut-être la contrepartie qui n’a pas été révélée au peuple pour nos exportateurs de reprendre leurs exportations vers l’Union Européenne. Comme pour nos institutions démocratiques, l’UE fait pression sur le Conseil Fédéral pour qu’il trouve le moyen de convaincre le peuple de renoncer à sa souveraineté ou de le rouler dans la farine s’il s’y oppose. Les propos de J-C Juncker ont été limpides.
    L’UE c’est la régression en marche. Elle est omniprésente dans la tête de nos dirigeants.
    En Suisse, nous avons un problème: la population devient de plus en plus cosmopolite, avec des gens qui viennent de pays qui ne connaissent pas chez eux la tradition de la démocratie directe, à part le Venezuela. Il sera donc facile pour le Conseil Fédéral de bazarder bientôt notre souveraineté, en signant à catimini, l’abolition de nos institutions sans que cela ne fasse de remous.

    Pour une métallo, un péquenaud de la Suisse Profonde, Schneider- Ammann commet une trahison ruineuse. En ce qui concerne les pesticides de Monsanto, notre CF cède au crime massif sur les consommateurs qui se trouvent traqués par absence d’échappatoire. Qu’importe! Les malades rapportent gros à la grande pharma suisse…!

  3. La souveraineté alimentaire est quelque chose d’essentiel.
    Amis suisses, surtout tenez bon devant les pièges et les divagations libres échangistes. Les pays « européens » sont en train d’en crever…
    Les libres échangistes mettent la charrue devant les bœufs. Le libéralisme n’est pas libéral car il veut « imposer » le libre échange qui est « progressiste »(?!). C’est la souveraineté alimentaire qui est prioritaire et doit être absolument conservée et fortifiée. Ensuite, avec cette sécurité, et bien on peut échanger -li-bre-ment-! Enfin!

    Renaud
    (France)

  4. @ Béatrix Dupraz

    « …L’UE c’est la régression en marche.. ».

    Ah bon … alors que chez nous voyez-vous, c’est la « république en marche ». Bref, une banale affaire de marcheurs réunis sous une même enseigne REM mais avec des systèmes de navigation désynchronisés. Et voila pourquoi on divague. 

    @ Renaud

    « La crétinisation des plus éduqués est extraordinaire » (Emmanuel Todd ).

    Dans son ouvrage « Où en sommes-nous « , l’auteur établit un état des lieux parfois étonnant de la mutation économique de nos sociétés. Selon lui, l’ultra libéralisme et la mondialisation seraient issus du secteur universitaire et de l’intelligentsia plutôt que des milieux financiers et patronaux.
    Une analyse qui permet d’aborder notre quotidien et peut être d’appréhender le futur mieux informés.
     
    Si ce n’est déjà fait, je vous invite à le lire. 

     
     

  5. Ce n’est pas la première trahison de nos conseillers fédéraux. Je vous rappelle la toute fraîche votation sur l’immigration de masse, le réseau des routes nationales, l’heure d’été, la libéralisation des marchés de l’électricité, etc…. La liste commence à être longue. Il faudrait, une fois pour toute, un tribunal constitutionnel afin de juger ceux qui se permettent de fouler aux pieds les règles élémentaires de la loi.

  6. Il n’y a qu’à voir à Lausanne. L’État y dépense des dizaines de millions pour construire un musée et il n’a pas d’argent pour construire des logements sociaux et des structures d’urgence. Le résultat est que le nombre de SDF livrés à eux-même dans le froid et la rue ne cesse d’augmenter. Ce problème dépasse largement les frontières de Lausanne ou même du canton. Les autorités minimisent complètement ce problème en s’arque boutant sur de vieux chiffres et sans tenir compte des chiffres données par les structures d’accueil d’urgence et des associations qui sont sur le terrain comme la Maraude ou la Soupe populaire.

    Quand aux privés, les riches construisent à coup de millions un musée pour y loger des poissons qui se retrouveront en prison au lieu d’être dans leur élément, la nature, musée de plus aux prix d’entrés totalement prohibitifs, donc réservés aux riches. Les poissons ne les dérangeront pas, ils ne parlent pas!

    Pendant ce temps la société civile s’organise. Des grand-mères tricotent des chaussettes, des familles donnent des vêtements, des chaussures, des couvertures. Etc.

    Il y a même des flics ripoux qui confisquent les sacs de couchage. Certains de ces sacs, distribués par la Maraude, ont eu une durée de vie de 2 heures avant de se faire confisquer par des flics ripoux. Leurs collègues ainsi que les responsables politiques sont dans le déni total, même quand un malheureux est retrouvé mort de misère dans une cabane de jardin.

    Quand à nos braves paysans, les politiques qui ne représentent pas le peuple mais uniquement les multinationales ont sans doute prévus qu’ils pouvaient aller manger à la soupe populaire, institution, institution qui doit déjà faire face à une augmentation constante du nombre des nécessiteux qui sans elle n’auraient plus qu’à crever de faim.

    « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, » – Edith Piaf

  7. @ Renaud,
    Merci pour cet encouragement. J’espère bien, moi aussi, que nos compatriotes ne céderont jamais à ces honteux chantages. Notre démocratie directe très critiquable sous certains angles nous donne encore la possibilité de faire résistance et que jamais! Jamais! Nous n’en arriverions à cette situation comme celle-ci… Je n’ose y penser !

    http://www.dailymotion.com/video/x5egug1
    En France c’est 450,00€ d’amende si un maraîcher vend des fruits et légumes qui sont en dehors du catalogue officiel de MONSANTO !

    Le gouvernement français s’associe manifestement au gangstérisme des multinationales étrangères…! Mais le nôtre pourrait se révéler tout autant capable. Les citoyens suisses devraient faire passer leur gouvernement cachottier à l’interrogatoire de temps en temps pour lui tirer les vers du nez.

  8. Et si la réalité était toute différente de ce que les mass medias nous distribue a longueur de journée ?
    Le reporter d’investigation Benjamin Fulford nous envoie une autre histoire qui semble incroyable, tout comme la vérité occulté pourrais être….

    https://benjaminfulford.net

  9. La suisse n’est pas membre de l’ UE mais, de fait, elle a de plus en plus de mal à se soustraire à son influence, et les moyens de rétorsion du système financier supranational qui détient réellement le pouvoir sont nombreux. De plus toute une partie de l’activité suisse -les banques- participe au fonctionnement de ce système.
    Un peu schizophrène finalement…

  10. @ Robert, la Suisse a suffisamment modifié sa législation en adoptant les textes de l’UE que la différence avec une adhésion complète réside dans l’officialisation de la chose…

  11. Oui Liliane, bien d’accord avec vous… Il faut juste faire « comme si » la Suisse n’ appartenait pas à l’ UE. Néanmoins, elle a encore (pour le moment) sa propre monnaie…

  12. La BNS a renoncé en 2014 (plus sûre) au franc suisse sur la plateforme T2S. Une décision cruciale. Ils ont pris l’euro…

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