Les coulisses secrètes de l’Europe vues par Yannis Varoufakis.

L’ancien ministre grec Yannis Varoufakis vient de sortir un livre, « Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe (Les Liens qui libèrent, 530 pages, 26 euros) », dans lequel cet économiste anticonformiste relate son expérience de ministre des finances de sept mois, janvier-juillet 2015, dans le gouvernement d’extrême-gauche de Alexis Tsipras. Il y partage notamment son vécu dans le cadre des négociations d’alors entre la Grèce et ses créanciers. Révélations d’incompétences pour le moins problématiques au menu… Vous trouverez ci-dessous, deux reprises pour illustrer l’état d’esprit de l’ouvrage:

  • Une vidéo drôle, qui présente en accéléré l’évaluation que M Varoufakis fait de certaines figures qui font l’Europe politique d’aujourd’hui. (Brut)
  • Un billet zoome sur le moment où l’économiste grec étrille Mchel Sapin, qui fut à la période évoquée « ministre des Finances et des Comptes publics » sous la présidence de M Hollande, et qui deviendra, l’été 2016, suite au départ d’Emmanuel Macron du gouvernement, « ministre de l’Économie et des Finances ». Propos édifiants, incompétence, et lâchage détaillés par l’ancien ministre grec… (les Inrockuptibles)

LHK

VIDEO Merkel, Macron, Mélenchon et les banques… Les vérités de l’ancien ministre des finances grec Yánis Varoufákis. (Brut)

Dans son nouveau livre, Yanis Varoufakis étrille Michel Sapin et la social-démocratie européenne

13/10/17 16h22 Par Mathieu Dejean
L’ancien ministre des Finances du gouvernement Tsipras en Grèce publie un livre choc sur les coulisses de l’Europe. Et réserve une critique acerbe à son ancien homologue français.

Entre Yanis Varoufakis et Michel Sapin, les relations n’ont jamais été faciles. Rapidement après l’arrivée au pouvoir de Syriza début 2015, le ministre des Finances grec a reproché à son homologue français de toujours se ranger du côté de l’Allemand Wolfgang Schäuble au sein de l’Eurogroupe, alors qu’il souhaitait renégocier les rapports entre son pays et l’Union européenne. Michel Sapin, alors ministre de François Hollande, avait répliqué en juillet 2015 que l’économiste, aujourd’hui chef de file du mouvement DiEM25, avait « de la gueule », mais qu’il n’était « pas forcément un fin politique ».

Dans cette controverse, Yanis Varoufakis porte un nouveau coup d’estoc à Michel Sapin, dont il ne se relèvera sans doute pas. Dans son nouveau livre, Conversations entre adultes (éd. Les Liens qui Libèrent), passionnant récit des coulisses des négociations menées par Varoufakis pour réorienter l’Europe et sortir la Grèce de la crise de la dette, il lui réserve des mots particulièrement acrimonieux.

En janvier 2015, lors de leur première rencontre, Varoufakis raconte que Michel Sapin accueille d’abord chaleureusement son plan pour restructurer la dette, dans son bureau :

«Michel m’a répondu comme un vrai compagnon d’armes :
– La réussite de votre gouvernement sera notre réussite. Il est important que nous changions l’Europe ensemble et que nous remplacions cette rigueur obsessionnelle par un agenda pro-croissance. La Grèce en a besoin. La France en a besoin. L’Europe en a besoin.»

Mais, lors de la conférence de presse qui suit, le ministre français change complètement de braquet :

«Abandonnant la jovialité et la camaraderie, il est passé à une rudesse qui rappelait l’autre côté du Rhin : la Grèce avait un certain nombre d’obligations vis-à-vis de ses créanciers et le nouveau gouvernement devait les honorer ; il fallait accepter la discipline et envisager la flexibilité exclusivement dans le cadre des accords signés.»

« Les élites françaises ont montré leur répugnance à parer aux attaques contre notre gouvernement »

Abasourdi, Varoufakis n’en revient pas. Il a alors des mots très durs à l’égard de l’attitude de la France par rapport à la Grèce : « Dans les mois qui ont suivi, le gouvernement et les élites de ce pays ont montré leur incapacité et leur répugnance à parer aux attaques contre notre gouvernement qui, à long terme, visaient Paris ».

Le leader de DiEM25, qui a démissionné du gouvernement Tsipras le lendemain du référendum du 5 juillet 2015, en profite pour étriller l’incompétence en économie de Michel Sapin :

« Dans l’ascenceur pour monter voir Emmanuel Macron, Michel m’a confié qu’il n’était pas économiste et m’a demandé de deviner quel avait été son sujet de thèse. Aucune idée.

– L’histoire de la numismatique à Egine, dit-il avec un immense sourire.

Je suis tombé des nues. J’étais face à un ministre qui m’avait humilié pour plaire à Berlin et qui essayait de se rattraper en avouant qu’il ne connaissait pas grand-chose à l’économie.« 

Lire la suite: http://www.lesinrocks.com/2017/10/13/actualite/dans-son-nouveau-livre-yanis-varoufakis-etrille-michel-sapin-et-la-social-democratie-europeenne-11996797/

7 réflexions sur “Les coulisses secrètes de l’Europe vues par Yannis Varoufakis.

  1. « Le cynisme est l’assurance avec laquelle on fait ou l’on dit des choses honteuses » (Théophraste)

    Yanis VAROUFAKIS fait tout simplement le tour des places européennes pour la promo de son bouquin.
    Au gré de ses « révélations » (?!), il en profite pour nous glisser que Michel SAPIN, ex ministre de l’économie et des finances en France, lui avait confessé « …n’être en rien économiste et n’avoir aucune compétence dans le domaine… ». En même temps, on a été nombreux à l’avoir remarqué, non ?

    Pour autant ce serait trop facile d’occulter ses propres performances dans la contorsion, l’agitation et les convulsions passées lorsque lui-même occupait ce poste de ministre de l’économie du gouvernement en Grèce pour en démissionner brutalement après la victoire du non au referendum.
    A l’occasion il n’est pas interdit de se rappeler l’échec retentissant qui s’en est suivi.
    Qui peut croire que tout cela n’était pas prémédité ?

    En guise de trou normand, la Banque centrale européenne a révélé début octobre 2017 que les sommes prêtées à la Grèce entre 2012 et 2016 lui ont rapporté 7,8 milliards d’euros en versements d’intérêts (http://www.france24.com/fr/20171011-bce-banque-centrale-dette-grecque-profit-interet-economie-europe).

    Le peuple grec vous remercie.

  2. Bonjour Liliane,

    Un économiste est une personne sérieuse qui est capable de vous expliquer le lendemain pourquoi il a eu tort la veille.

    La Grèce sert de laboratoire pour tester les limites de l’intolérable en matière de restrictions budgétaires. Le traitement de Bruxelles sous la pressions des Allemands est inqualifiable et malheureusement les Grecs vont endurer encore longtemps cette situation qui les dépasse.

    Pour rappel, à cette même époque, Bruxelles avait été interpellée par la Grèce et d’autres parlementaires européens qui faisaient valoir que la dette de guerre de l’Allemagne en faveur de la Grèce n’avait jamais été réglée. Vu la débâcle actuelle de la Grèce – même si les circonstances sont complexes et multiples – il serait opportun de pouvoir déduire cette somme et tant qu’à faire les intérêts de retard qui courent depuis des décennies, de l’actuelle dette grecque.

    https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/270615/allemagne-grece-deux-poids-deux-mesures-l-annulation-de-la-dette-allemande-en-1953

    http://ig-legacy.ft.com/content/f6f4d6b4-ca2e-11e3-ac05-00144feabdc0#axzz3eJbwfWcb

    Depuis son inqualifiable lâchage, Varoufakis m’apparaît être un personnage élusif à défaut d’opportuniste. Et pas toujours très élégant avec ça. Sauf campé sur sa moto.
    Comment peut-il être crédible en dézinguant l’improbable Michel Sapin tout en louant conjointement Emmanuel Macron – qualifié de « taré du troisième étage » par Sapin (on rigole et on s’amuse !) – mais on ne peut plus impliqué dans le désastre économique de la France !?

    Au fait, les Grecs ont du pétrole et du gaz. Curieux que personne n’en parle …

  3. Oui bien sûr. C’est même indispensable pour se faire une opinion la plus éclairée possible. Merci à vous.

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