Rappel: Que sont devenus les excédents de la balance courante de la Suisse. LHK

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Le professeur Tille, membre du conseil de banque de la BNS nous présente un graphique ci-dessous avec une courbe verte qui est l’accumulation des excédents de la balance courante de la Suisse.

Rappelons que les soldes de TARGET2 sont précisément les soldes -excédents/déficits- de la balance courante. Les excédents de l’Allemagne serviraient à combler les déficits des autres, en échange bien évidemment de reconnaissances de dettes souveraines.

Sur ce site, nous avons toujours émis l’hypothèse que les excédents de la balance suisse servaient eux aussi à boucher les trous de Target.

Sur le graphique, la courbe  bleue indique selon le professeur la valeur effective de la balance. On voit l’écart entre la courbe bleue et la verte.

Cela nous ramène à nos questionnements sur l’évaporation d’une partie des excédents de la balance suisse. Dans ses commentaires, le professeur Tille  compare la Suisse à un investisseur qui engrange des montants substantiels, mais voit son portefeuille stagner. Il relève que le différentiel serait in fine d’une valeur équivalente à 99% du PIB (voir son commentaire en bas de page).

99% du PIB suisse équivaut à 660 milliards de francs suisses pour l’année 2016. Un peu moins que les 683 milliards des devises détenues par la BNS. C’est juste énorme.

The Changing International linkages of Switzerland: An Overview ». C Tille

Dans les causes que M Tille avance -et qui sont certainement justes- il parle notamment du franc suisse  fort qui va pénaliser les actifs détenus à l’étranger lorsqu’ils sont ramenés en franc suisse. Incontestable raisonnement.

Alors, une question tout de même. Pourquoi la courbe bleue remonte-t-elle au moment du désarrimage de l’euro?  Si son raisonnement devait se vérifier, la courbe aurait dû chuter… Du coup,  le raisonnement du franc fort ne s’applique plus.

Ce graphique nous fait repenser au tableau qui représente l’ensemble des opérations de paiements de la Suisse dans le système interbancaire SIC, propriété de SIX Group.

Et même si les motifs invoqués par M Tille correspondent à la totalité des 660 milliards (ce qui n’est pas prouvé…), il faudrait expliquer à chacun ce que signifie la ligne noire (tracée par la BNS) dans le tableau du trafic de paiements. Car, il faut préciser que les mouvements financiers qui concernent la balance courante en particulier et la balance de paiement en général passent par le système du trafic de paiement SIC.

Le voici… Ce tableau du trafic de paiement SIC est l’indice précieux de quelque chose qui ne tourne pas rond. La ligne noire a été tracée par la BNS. Elle signifie qu’à partir de ce moment (fin 2007), les montants que la BNS ou ses sous-traitants estiment être excédentaires ne sont plus pris en compte! Rien de moins!

La colonne 1 montre que le nombre de transactions continue d’augmenter, dans la colonne 2 on voit  les sommes diminuer. La ligne noire est tracée par la BNS bien sûr. Elle définit la date à partir de laquelle lesdits excédents ne sont plus pris en compte.

Imaginez n’importe quel service comptable de n’importe quelle entreprise qui ne comptabilise plus certains avis de crédits ou de débits parce qu’il estime qu’à partir d’un certain volume, ils sont excédentaires. Est-ce à votre avis imaginable?

C’est pourtant ce que vous lisez sur ce tableau qui ne devrait pas passer inaperçu!

Ce tableau représente le trafic de paiement suisse, dont a la charge la BNS, qui recense les transactions interbancaires. Or, d’un coup, alors que le nombre  de transactions augmente, les sommes comptabilisées diminuent!!! D’ailleurs la BNS ne s’en cache pas et dit bien dans la note que les excédents ne sont plus pris en compte.

Nous voudrions savoir en quoi consistent les excédents du trafic de paiement et où ils vont!

Liliane Held-Khawam

Note: Prof Cédric Tille, membre du Conseil de banque de la BNS:

« The stability of the overall NIIP since 2000 is surprising at first, as  Switzerland has posted sizable current account surpluses year after year. The country is thus similar to an investor that saves substantial amount but sees the value of its portfolio stagnate. The gap is of substantial magnitude. Figure 8 contrasts the NIIP (blue line, corresponding to the one in figure 7) with the value it would have reached if we simply cumulated the net financial flows starting at the NIIP of 2000 (green line). Simply cumulating flows leads to an NIIP of 230 percent of GDP. The gap between this value and the actual NIIP amounts to a sizable 99 percent of GDP. It has substantially widened since 2010, when it represented 46 percent of GDP.

The gap between the two lines of figure 8 occurs because financial flows are not the only driver of the NIIP. It is well known that the net position is also affected by asset prices, with higher prices on foreign assets leading to capital gains for Swiss investors for instance, and by movements in exchange rate, with an appreciation of the Swiss franc reducing the franc value of holdings denominated in foreign currencies (Tille 2012).

The magnitude of these valuation effects is especially substantial when the NIIP results from a large leverage between sizable assets and liabilities. This is indeed the case in Switzerland, as in most advanced economies. Specifically, assets held by Swiss residents abroad represent 671 percent of GDP, while claims by foreign investors on Switzerland amount to 541 percent of GDP. With this leverage, a movement in asset prices and exchange rates that affects more assets than liabilities has a sizable impact on the NIIP. Such asymmetric shifts are empirically relevant as the composition of assets differs from that of liabilities. Specifically, bonds represent a larger share of assets than of liabilities, the opposite being the case for stocks. A global increase in stock prices thus translates into a capital loss for Switzerland as it primarily raises the value of its liabilities to foreign investors.  « 

Extrait de  » The Changing International linkages of Switzerland: An Overview »

 

11 réflexions sur “Rappel: Que sont devenus les excédents de la balance courante de la Suisse. LHK

  1. Un député peut même la vociférer quand il est assuré qu’il n’y aura aucune suite, non ?

  2. Sinon l’aveu en creux que la crapulerie est un art de vivre chez les notables (les nôtres, les vôtres).

    Nonobstant, leur décontraction par rapport aux détournements de fonds donne une indication assez précise de leur degré de corruptibilité, de leur rapport à la morale commune et très certainement de leur perméabilité totales aux lobbies, aux enveloppes, aux petits cadeaux et autres soirées accompagnées, et en même temps nous laissons se développer les instruments juridico-financiers d’opacification de l’anonymisation de la propriété du capital, tels les trusts et autres fiducies.
    La loge, Bertelsmann, Bilderberg et autres clubs style « Le Siècle » (en France) foisonnent d’adhérents très inspirés, très actifs et très solidaires.

  3. Une autre façon de poser la question serait de demander à la BNS pourquoi elle a soudainement modifié ses modalités comptables ? C’est cette absence d’explication dans ses documents publics qui rend suspicieux.

  4. Les règles mathématiques sont très claires même si leur avocat de la BNS ont indiqué d’admettre la fraude par écrit, Cela s’appelle une falsification du bilan de la BNS.

  5. Le monde est de plus en plus malade de l’argent. Le réel danger pour nous est d’être assis sur un volcan qui dort encore … mais jusqu’à quand ?
    Les opérations liées à la finance de l’ombre (notamment le hors bilan bancaire), celle qui n’est pas régulée, atteignaient 92 000 milliards de dollars en 2015. Des chiffres vertigineux qui ne représentent plus rien de concret. Depuis cette date les vents continuent à souffler favorablement.

    On peut lire :
    « Le Luxembourg, patrie du président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et l’un des plus importants centres financiers dans le monde, n’a en revanche pas participé à l’étude du FSB ».
    En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/10/05/2017/lesechos.fr/0212059138055_les-chiffres-ahurissants-du–shadow-banking–dans-le-monde.htm#gbdoJOygEUoDYb7R.99

    Avec ses 30 000 milliards de dollars, l’UE n’est pas en reste, nonobstant l’imposture luxembourgeoise (!), puisqu’elle elle se place dorénavant devant les Etats-Unis en termes de finances fantômes.

  6. Question naïve de ma part (qui ne suis pas financier)… Quels sont les conséquences des éléments décrits ci-dessus? Un affaiblissement du franc suisse? un manque à gagner pour la BNS et donc la Suisse et ses cantons, donc nous tous contribuables? ou encore autre chose que je n’imagine même pas?

  7. Au cours d’une nuit mémorable d’octobre 2016, lorsque la livre sterling avait dévissé en moins d’une heure sur fond de brexit, ce n’était pas un type style Kerviel qui était à la manoeuvre, mais des machines ultra sophistiquées. Les Britanniques en paient toujours les conséquences.

    Les plates-formes alternatives style BATS, le trading haute fréquence, qui lancent des milliers voire des millions d’ordres à la seconde, sont déjà majoritaires sur toutes les places financières et je pense que la dérégulation galopante nous mène tout droit vers une méga crise financière.

    Encore faut-il savoir qui de l’homme ou de la machine gardera la main…

    Parallèlement, les taux d’intérêt négatifs sur lesquels les états se financent, ne sont rien d’autre qu’une technique confiscatoire, soft et progressive certes, mais confiscatoire quand même.
    De nombreux économistes qui hier encore étaient plutôt ravis de ces politiques monétaires accommodantes, révisent aujourd’hui leurs positions en exprimant des inquiétudes sur les effets pervers et leurs natures désormais contre-productives.
    A ce sujet à défaut de s’indigner, on peut s’interroger sinon regretter la fermeture ordonnée du blog de l’économiste Jacques SAPIR dont les propos n’avaient cependant rien d’inflammatoires ni d’insurrectionnels. Le système flingue immédiatement ceux et celles qui renâclent à être partisans de l’économie dérégulée.

    Toujours est-il que la BNS continue à s’endetter auprès des banques commerciales et elle s’appuie sur les avoirs de citoyens comme gage de remboursement.

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