La dette extérieure de la Suisse a explosé depuis 1999! Liliane Held-Khawam

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A défaut de la gestion de ses actifs ET de ses passifs, la BNS s’est spécialisée ces dernières années en publication de statistiques. En effet, celles-ci s’affinent toujours plus, livrant ,aux yeux de ceux qui veulent bien voir, les moindres détails de la stratégie menée à la tête du pays….

Voilà que dans cette abondante information, certaines données nous intéressent particulièrement. Celles de la dette extérieure de la Suisse. Celle-ci représente l’ensemble des dettes publiques-privées dues par le pays à des prêteurs étrangers non-résidents (en dollars, euros, yens ou autres…). Les dettes intérieures dues en franc suisse en sont exclues.

Sont aussi exclus du calcul les actifs dus par l’étranger envers la Suisse.

La dette extérieure  brute est égale, à toute date donnée, à la position des passifs courants effectifs, non conditionnels, qui comportent l’obligation pour le débiteur d’effectuer un ou plusieurs paiements en remboursement du principal et /ou de verser des intérêts à un ou plusieurs moments futurs, et qui sont dus à des non-résidents par des résidents d’une économie. (définition selon le FMI)

Eh bien cette dette publique extérieure est passée de CHF 768’352 à fin 1999 à CHF 1’705’354 au premier trimestre 2017! Tout ceci en millions de francs!

Cela nous fait une dette extérieure de 1’705’354’000’000 CHF!!!!

Ces chiffres plus qu’importants méritent d’être décortiqués.

Tout d’abord, ces dettes sont réparties entre quatre catégories:

  1. Les collectivités publiques
  2. La BNS (Eh oui. La monnaie -qu’elle n’imprime pas mais- qui fait grandir son bilan est une dette!!! Nous l’avons toujours soutenu. Voici l’info écrite!)
  3. Les banques
  4. Autres secteurs

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Alors, si l’on posait la question du coupable de ce cumul de dettes extérieures, tout le monde dira que ce sont les banques. Eh bien ce serait pratique… Voici toutefois quelques chiffres:

  1. Les collectivités publiques

les collectivités publiques ont vu leurs dettes extérieures passées de 7’376’000’000 (7 milliards) à 35’446’000’000 (35 milliards), soit un multiple de 5, entre 99 et le premier trimestre 2017!

2. La BNS

La dette extérieure de la BNS est passée de 6’900’000’000 (presque 7 milliards) à 119’783’000’000(environ 120 milliards), un multiple de 17 entre 99 et le premier trimestre 2017. Rien que pour la dette extérieure! Est-ce à cela que lui sert sa très discrète agence de Singapour?

  • Les dettes intérieures de la BNS:

Rappelons que le compte de virement en franc suisse de la BNS est sa principale source de financement et de croissance de son bilan. Il regorge de liquidités et de titres assimilés à des liquidités déposés par les banques  grâce à des directives sur les liquidités concoctées par BNS et Finma sur la base des exigences de Bâle 3.

Enfin, relevons au passage que la BNS rechigne à publier ses dettes intérieures (en franc suisse). Son directoire, cautionné par l’organe de contrôle, dit dans le rapport 2016 ceci:

« Selon la Swiss GAAP RPC 31, les conditions afférentes aux dettes financières doivent être indiquées dans l’annexe. Compte tenu du statut particulier d’une banque centrale, la pertinence d’une telle publication reste toutefois limitée.

La majeure partie des passifs de la Banque nationale reflète directement la mise en  œuvre de la politique monétaire, à savoir l’injection ou la résorption de liquidités sur le marché monétaire. Les dettes en francs ne font courir aucun risque de liquidité ni de refinancement à la BNS puisque celle-ci dispose du monopole d’émission des billets de banque. La BNS peut en tout temps faire face à ses obligations, car elle est en mesure de créer elle-même les liquidités dont elle a besoin et de déterminer le niveau ainsi que la structure de son financement.
Dans ces circonstances, on a renoncé à mentionner en détail les conditions afférentes aux dettes financières« .
Eh bien, il y a manifestement de graves lacunes dans l’information au peuple suisse -qui sont accessoirement les contribuables et garants de cette banque- et autres élus qui sont encore en fonction. En refusant de communiquer sur la réalité de ses dettes intérieures, la BNS sort de son mandat et de l’exigence de transparence que lui a impartie le législateur.
Remarquez que le directoire, qui prend la décision de ne pas publier les dettes intérieures, a raison en disant qu’il peut imprimer souverainement l’équivalent en numéraire (en pièces et billets) des dettes en franc suisse qu’il doit au trafic de paiement suisse … Ce triumvirat  détient l’exclusivité de battre monnaie!
Comme personne ne veut faire ses courses avec des brouettes remplies de billets de banque qui auraient perdu de leur valeur, Berne impose au pays des restrictions à l’accès aux capitaux d’épargne (dépôts, retraite, assurance-vie,etc) même si en le faisant, la garantie de la propriété privée est atteinte gravement!
Bref, ceci révèle bien que la BNS ne crée pas ce qui est dans son passif, hormis l’argent physique, dit numéraire!!!

 

3. Les banques

Les dettes extérieures des banques sont passées de 552 milliards de francs en 99 à 745 milliards, soit une croissance  de 0,35! Ridicule donc en comparaison avec ce qui précède…

4. Les autres secteurs

Pour l’instant, nous ne savons pas ce qui est inclus dans cette rubrique. Sont-ce des dettes spéculatives du genre repos? Avons-nous des entités telles que des assurances ou Compenswiss?…

Nous savons en revanche, que cette rubrique, dans sa subdivision « court terme » peut englober des dettes des collectivités publiques et de la BNS elle-même. Eh bien, cette dette a été multipliée par 4 passant de 213 milliards à 805 milliards.

Nous avons ainsi en mains du marché financier, environ 937 milliards de francs de croissance -1999-Q1 2017- de la dette extérieure suisse en devises étrangères! Par conséquent, à la première chute du franc suisse, ces dettes vont prendre l’ascenseur!

937 milliard à fin mars 2017, est le coût partiel que les dirigeants suisses –  secteurs publics et privés- ont bien voulu mettre sur la table de la mondialisation. Vous comprenez bien pourquoi vos capitaux retraites sont gagés pour une durée indéterminée…

Liliane Held-Khawam

L’avant-propos de Mme Lagarde dans le Guide sur les statistiques de la dette extérieure

https://www.imf.org/en/~/media/8A3B9DC827A34C0DA9EF437E4C5CF4C9.ashx

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2 réflexions sur “La dette extérieure de la Suisse a explosé depuis 1999! Liliane Held-Khawam

  1. Liliane, Vous dites qu’ à la première chute du franc suisse, ces dettes vont prendre l’ascenseur! Sauf que le CHF ne pourrait baisser que contre dollar et euro et que la BNS en possède près de 500 milliards. Cela compenserait donc au moins partiellement la hausse de la dette en CHF. Ce qui est sur c’est que ces chiffres donnent le vertige et qu’en cas de crise on ne peut pas mesurer les conséquences d’une telle dette. La suisse ressemble de plus en plus à un hedge fund. La façade reste attrayante mais l’arrière boutique commence à faire peur.

  2. Je comprends votre raisonnement Seb. Sauf que les collectivités publiques n’ont rien à avoir avec les actifs de la BNS. Une commune endettée en euros va payer plus cher toute chute du franc suisse.
    Nous avons cette importante rubrique « Autres secteurs », et pour l’instant, je ne sais ce qu’elle recouvre…
    Côté BNS, les liquidités du compte de virement des banques qui servent de garantie aux actifs, ne sont pas forcément de vraies liquidités, mais d’autres actifs venant à échéance. Ces dépôts doivent très probablement servir aux opérations REPOS offertes par la BNS via son sous-traitant SIX-Repo… La réalité doit être encore plus problématique que ce que l’on peut imaginer… https://www.six-repo.com/en/home.html

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