Les chiffres du chômage de la France. Liliane Held-Khawam

Le thème du chômage et du nombre de chômeurs a été abordé hier lors du « grand » débat entre les deux finalistes de cette course aux présidentielles. Ce thème appelle des précisions.

Tout comme lorsque l’on a abordé l’endettement public, la question est de savoir si vous voulez travailler avec des pourcentages ou des effectifs. L’allure des graphiques change du tout au tout.

Le ratio du chômage est intéressant du point de vue sociologique. Suivre son évolution dans une population démographiquement stable peut avoir un sens économique aussi. Mais si la démographie connaît une croissance par apport de populations, le référentiel se déstabilise et du coup, l’évolution perd de  sa pertinence.

Regardez la démographie française a crû de près de 9 millions entre les années 90 et 2017, soit une progression d’environ 16%.

Ne prendre que des pourcentages pour exprimer le chômage revient à en atténuer l’ampleur au vu de la croissance démographique.

Par ailleurs, le coût du chômage est lié aux effectifs réels de chômeurs. Suivre l’évolution d’effectifs restera significatif en toute circonstance.

Voici donc  un point de situation de l’évolution du chômage en France en quelques graphiques basés sur des effectifs et non des pourcentages.

Le nombre de chômeurs de catégorie A est passé de 3 122 500 en janvier 1996  à 3 508 100 en mars 2017. Il y a une stagnation relative depuis 2015, mais globalement c’est un niveau qui correspond à un record historique.(courbe rouge).

Quant à la courbe violette, elle représente le total des catégories de chômeurs A, B et C recensés par Pôle emploi. Il atteint en mars 2015 le chiffre respectable de 5’503’800! http://statistiques.pole-emploi.org/stmt/selo?fa=M&lb=0&pp=-201703

http://statistiques.pole-emploi.org/stmt/selo?embed=1&graph=2&fa=M&lb=0&pp=-201703

Nous pouvons relever deux creux. Un en 2001, avec 2 363 100 et un deuxième creux en mars 2007 avec 2 173 600 chômeurs de catégorie A.

Le graphique ci-dessous de Wikipédia, montre les effets directs de la mondialisation de la production – et non de l’euro-  sur le chômage qui s’est développée dans les années 70.

La mondialisation de la production a clairement participé à l’explosion du chômage.

Auteur: Par Napnldlbdtl — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38450016

Un bond vertigineux est observable suite à la crise des subprimes au niveau des chômeurs de longue durée…

http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1038148-chomage/

Les moins de 25 ans sont le moteur de cette croissance indésirable, conséquence de la mondialisation, avec un taux de chômage de près de 25%. Leur avenir risque d’être plus que problématique puisque leur manque d’expérience augmentera les risques de disqualification lors de l’embauche. Sans parler du risque d’obsolescence de leurs compétences par une mise à jour « on the job » insuffisante!

http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1038148-chomage/

Alors si comme pour la dette publique, on présente des taux de chômage, la courbe est autre, et donne une image globale plus favorable aux dirigeants politiques… Voici le graphique présenté par le journal le Point suite au débat des présidentielles…. http://www.lepoint.fr/presidentielle/chomage-euro-inflation-qui-de-macron-ou-de-le-pen-a-dit-vrai-04-05-2017-2124647_3121.php

Par conséquent, non le chômage en effectifs  n’est pas inférieur à ce qu’il était dans les années 90. Oui, il est plus élevé.

Liliane Held-Khawam

14 réflexions sur “Les chiffres du chômage de la France. Liliane Held-Khawam

  1. tant que les ressources financières seront distribuées (avant d’avoir été confisquées puis si souvent évaporationnées malignement) par l’état et les banques, les « manufacturières hors marchandes » , PME/PMI/ETI ainsi que les agri-agroalimentaires de petites et moyennes tailles seront maintenues pour l’immense majorité d’entre elles dans une situation de survie précaire en attendant la mort

  2. En France: nombre de chômeurs en 1980 = 2 millions, en 2016 = 6 millions
    nombre de fonctionnaires et collatéraux 1980 = 2 millions, en 2016 6,5 millions
    explication/justification/nécessité ?
    Tout par l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État. – Benito Mussolini

  3. Moi je dirais que l’Etat a dépensé en créant des postes pour compenser les effets désastreux de la mondialisation de la production…
    Aujourd’hui, elle n’a plus les moyens de les maintenir…

  4. J’ai aussi le sentiment qu’il n’y aura plus beaucoup de places pour les petites structures….

  5. Dans l’ordre : PLUS IL Y A DE FONCTIONNAIRES,, MOINS IL Y A DE CROISSANCE ET PLUS IL Y A DE CHÔMAGE . . .

  6. Avec Macron vous allez voir le chômage baisser avec la méthode anglo-saxonne des jobs sous-payés et de la baisse des aides qui de fait provoque des désinscriptions. Comment expliquez vous que la situation budgétaire et l’endettement du Royaume-Uni soit bien pire que celui de la France avec le plein emploi ? Personne ne s’intéresse à cette incongruité… Peut-être tout simplement parce que de nombreux travailleurs ne sont pas imposables…

  7. zelectron ce n’est pas si simple….la preuve, le RU a moins de fonctionnaires que la France, plus de croissance depuis plusieurs années, moins de chômage et sa situation d’endettement est plus détériorée que celle de la France (en réalité beaucoup plus détériorée car l’épargne des français pourrait potentiellement payer plusieurs fois la dette française ce qui n’est pas le cas de l’épargne des britanniques). Selon moi il s’agit donc en réalité d’un traitement « cosmétique » du chômage. Sinon expliquez-moi. Merci

  8. Les Etats ont clairement soutenu et accompagner la mondialisation.
    Il y a de réelles subventions du secteur privé (entreprises y c multinationales) avec l’argent public.
    Complètent-t-ils les salaires des contrats 0 heure par des subsides publiques?
    Où en sont-ils avec l’exonération des entreprises?
    Etc.
    Etc.

  9. Mis a part les « régaliens du terrain », hospitaliers, enseignants et maintient de l’ordre, par exemple je ne vois pas l’absolue nécessité d’avoir 400 000 fonctionnaires de l’éducation nationale qui n’enseignent rien (ainsi que leurs éditeurs [et complices] de livres scolaires marxistes-léninistes-trotskystes-maoistes-stalinistes . . .qui ne sont pas fonctionnaires, eux)

  10. Nous sommes d’accord mais ça ne répond pas à ma question. les anglo-saxons nous présentent leur modèle comme une réussite à copier via les US et le RU alors que ces 2 « pays » bien qu’en situation de plein emploi présentent des situations d’endettement pires que celle de la France, le modèle honni… cherchez le bug quand même. Ce que je veux dire c’est que loa France a fait le choix du chomage là ou d’autres ont fait le choix des travailleurs pauvres…

  11. le chômage pour moi résulte de la destruction de nos forces vives productives, c’est la signature (l’aveu) d’incapacité de l’Etat incapable de resoudre ces problèmes qui les déplace non seulement sur le dos des « sans dents » et petits patrons au bord du suicide (quand ils ne joignent pas le geste à la parole) mai en même temps en augmentant de façon délirante le nombre de fonctionnaires « à sa botte » se coupant ainsi des ressources gigantesques que cela représente..
    1 fonctionnaire c’est en moyenne 3,6 millions d’€uros et 1 million de moins ça représente de quoi résorber notre dette et vivifier l’innovation ainsi que quelques milliers, voire dizaines de milliers de PMI/ETI manufacturières potentiellement exportatrices. . .

  12. pour vous dire le fond de ma pensée la moitié « travaille », les régaliens de terrain en particulier , pour les autres j’ai plus que des doutes car si « on » faisait l’analyse de leurs postes « on » s’apercevrait soit de la parfaite inutilité de leur présence, soit de leur travail, soit de leurs résultats, nonobstant les opinions (jugements) que les fonx ont d’eux mêmes déniant aux citoyens « ordinaires » toute critique quelle qu’elle soit à leur encontre et ce de façon péremptoire et définitive.

    « Si les citoyens connaissaient exactement ce que leur coûte la machine gouvernementale, il est fort probable qu’ils se refuseraient à soutenir plus longtemps des dépenses aussi considérables et aussi peu productives pour leur bien-être .
    Il faut donc les tromper, et prendre leur argent sans qu’ils s’en aperçoivent. »
    Vilfredo Pareto (1890)

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