Suisse-UE: Le peuple a droit à la vérité! Liliane Held-Khawam

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Avec tout ce que l’UE reçoit de la Suisse et à l’heure du Brexit, il est impensable qu’un négociateur normal ne puisse être traité avec beaucoup d’égards…

L’impression générale que donne Bruxelles dans ses rapports avec la Suisse serait celle de Goliath qui se moque de David. Cette impression est amplifiée par l’image d’impuissance que donne le Conseil fédéral qui magnifie volontiers l’importance de ce partenaire qui faut-il le rappeler représente avant tout les lobbies de la Finance internationale.

Mais la Berne fédérale accorde aussi une importance centrale aux grands lobbies de la finance internationale. Ils sont partie prenante des prises de décisions stratégiques du pays…Tout le monde se souvient de la constitution du groupe de réflexion et de travail sur l’avenir de la place financière suisse. Ce groupe comprenait curieusement les chefs des banques qui étaient impliquées dans le désastre dont la planète n’arrive pas à se remettre… Peu importe finalement puisque la conseillère fédérale en question n’est plus là et que la place financière suisse n’est plus qu’une vague ombre d’elle-même.

Les lobbies financiers  sont le puissant dénominateur commun qui unissent Berne à Bruxelles. L’entente est si forte que l’ampleur de l’implication de la Suisse, des Suisses, du franc suisse, du patrimoine financier privé et public dans la construction européenne n’est pas imaginable par le citoyen lambda du pays de la démocratie dite directe…

La Suisse s’est engagée dans un risque systémique majeur misant TOUT ce qu’elle est et ce qu’elle a!

Et pourtant, elle semble impuissante dans les négociations… Alors est-ce justifié? Voici quelques observations…

Les échanges commerciaux de biens entre la Suisse et le monde

  1. Les exportations

Certains pays de l’UE sont de grands partenaires commerciaux.  En 2015, 53,7% des exportations étaient à destination de  l’UE. Mais attention, il s’agit-là de l’UE des 28 et non de la zone euro limitée à 19. Typiquement les échanges avec l’Angleterre ne se font pas obligatoirement avec l’euro…

Par conséquent, la majorité des exportations est destinée à des pays qui sont hors zone euro… :

  • 89 milliards ont été exportés en zone euro sur un total de 203Exportation suisse 2014-2015.PNG
  • Les grands gagnants de ces exportations vers l’UE sont les industries chimiques  et pharmaceutiques avec 45,3%. Vient ensuite l’horlogerie avec 19%…
  • Exports vers UE par branche 2015

2. Les importations

L’UE est largement bénéficiaire dans ses rapporta avec la Suisse! Ce sont 121 milliards que les européens ont vendu aux Suisses…

Importations suisses UE 2014-2015.PNG

3.- L’UE bénéficie chaque année d’excédents commerciaux de la part de la Suisse! En 2015, ces sommes s’élevaient à 12 milliards contre 17 milliards en 2014.

Quand on étudie ces statistiques, on constate que les grands perdants du désarrimage du taux-plancher sont les Européens… Et pourtant, les excédents reçus en franc suisse auraient dû s’améliorer grâce au nouveau taux de change…

D’ailleurs, voici les principaux partenaires commerciaux de la Suisse en 2015. En jaune, le secteur des importations dont les agents économiques auraient bénéficié d’un franc fort! Et en vert, vous trouvez les exportateurs supposés bénéficier d’un franc faible face à l’euro…

Les Suisses ont une balance commerciale positive (exportations supérieures aux importations) surtout avec les Etats-Unis, la Chine, Hong Kong et l’Inde. En quoi ces destinations seraient concernées par l’affaiblissement du franc face à l’euro.

Partenaires commerciaux de la Suissse

Un nombre impressionnant de places de travail bénéficiant aux statistiques européennes:

1.- Les frontaliers:

Ils étaient près de 300’000 en 2015Frontaliers

2.- La population résidente:

population évolution suisse

Indemnités chômage

Le SECO présente des chiffres de chômage qui sont idylliques et qui rivalisent en Marketing avec la photo du Cervin sur fond de ciel bleu.

La réalité est un Cervin sur fond nuageux.  En fait, un nombre inconnu de chômeurs domiciliés en suisse ne bénéficient pas du chômage. Pourtant, ils y ont cotisé normalement tout le long de leur carrière.

Il suffit que vous soyez indépendants pour être privés des prestations du chômage. Ceci tout suisse le savait. Mais vous ne savez peut-être pas que si vous êtes responsable de la marche des affaires d’une entreprise qui ne vous appartient pas, vous êtes aussi privés de ces indemnités en cas de besoin!

Par ailleurs, ceux qui arrivent en fin de droit ne figurent plus dans les statistiques…

Enfin, nous avons découvert des statistiques sur le chômage qui contredisent les dires du SECO. Vous avez sur le tableau ci-dessous les statistiques de l’OIT et entre parenthèse celles du SECO…chômage des jeunes suisses

C’est dans ce contexte que nous apprenons que Bruxelles a réussi l’exploit de faire verser par Berne 200 millions de francs d’indemnités à des non résidents! Directive imposée par la capitale européenne! Un comble!!! Bruxelles ne reconnaît plus les frontières de la Suisse. La question qui se pose alors est la suivante: Continue-t-on à verser le capital AVS et/ou les indemnités de la caisse de prévoyance (épargne professionnelle) aux travailleurs qui quittent la Suisse pour une région européenne? Poser la question à vos élu(e)s ne serait pas inutile…

TARGET:

La suisse participe depuis de nombreuses années à la plateforme européenne des paiements en temps réel.

Wikipédia donne la définition de Target 1 et 2

Le système de transfert express automatisé transeuropéen à règlement brut en temps réel, surtout connu sous l’acronyme Target (Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system) est un système de paiement permettant aux banques de l’Union européenne de transférer des fonds en temps réel par delà les frontières.

Le système de règlement des opérations dites de gros montant, Target 1 a été mis en place début 1999 avec l’introduction de l’euro. Target 1 ne fut qu’une étape de transition vers Target 2 véritable plate-forme commune.

Cette plateforme Target voit se déverser des sommes folles issues des échanges commerciaux. Et les pays qui bénéficient d’excédents à l’image de la Suisse et de l’Allemagne aident les pays déficitaires à boucler leur fin de journée sans palabres. c’est un système qui bouche les trous avec les excédents contre des reconnaissances de dettes. BNS est championne de cette pratique… Six Group se charge de la gestion de ces sommes colossales et du pouvoir qui va avec…

Mais voilà qu’une nouvelle plateforme a vu le jour et est d’ores et déjà opérationnelle. Elle s’appelle T2S. On a du coup sur un même circuit les liquidités et les securities (titres). Le cash côtoie les actifs à risques. Les frontières nationales n’existent plus. La plateforme prend aussi en charge le trafic de paiement à l’intérieur des pays.

Et sur T2S, vous n’avez pas juste la pauvre petite Grèce. Vous avez Deutschebank, Commerzbank, UBS, CS, et toutes les banques européennes plus ou moins prêtes à faire faillite et qu’il faut renflouer avec… le cash des déposants ou des assureurs.

Agissent sur T2S, bien évidemment la Suisse – via SIX Group et la Banque suisse de Francfort la SECB- et un peu moins d’une quarantaine de pays. Le risque systémique constitué doit être exceptionnel voire incalculable. T2S est la nouvelle prison made in Bruxelles façon finance internationale…

Un éventuel Brexit n’affecterait en rien T2S puisque le pays a eu la bonne idée de refuser d’y participer…

En résumé, ce qui précède est un aperçu de ce que la Suisse a offert à l’UE. Nous ne parlons même pas ici de barrages, de privatisation d’eau potable (8% des réserves d’eau potable de l’Europe) dont l’accord existe depuis une quinzaine d’années.

Nous n’imaginons pas une seconde, avec ce qui précède, qu’un négociateur normalement constitué n’arrive pas à défendre ses objectifs et le point de vue de son employeur. IMPOSSIBLE!

Nous pouvons gentiment suggérer que le cinéma de Berne a assez duré. Berne se doit de dire la vérité à ses employeurs que sont les contribuables. Si les Suisses arrêtaient de payer leurs impôts, les Conseillers fédéraux qui tiennent le stylo ne recevraient plus de salaire.

Quant au retrait de la demande d’adhésion, le processus brouille un peu plus les pistes puisque seule la réalité sur le terrain compte. Et là, les chiffres et les faits sont têtus.

Au-delà de ceci, il y a un problème de conscience tout de même. Jouer un double jeu devient dégradant pour la vie politique et ne devrait plus être une option. Il n’y a pas le début d’une démocratie sans vérité.

Plus durera le leurre et plus l’histoire sera sévère.

Liliane Held-Khawam

3 réflexions sur “Suisse-UE: Le peuple a droit à la vérité! Liliane Held-Khawam

  1. On ne négocie pas avec la zone euro mais avec l’UE (cf. 1)
    Du coup, le chiffre de 120.5 milliards doit être comparé avec celui de 109 milliards (exportations vers l’UE

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