Cette corruption qui mine l’intérêt général. Liliane Held-khawam (VIDEO)

Flore Vasseur, journaliste-écrivain, part à la rencontre d’un homme qui a décidé de s’attaquer au MAL qui ronge notre société du 21ème siècle: la corruption de l’appareil politique. Cette action citoyenne très louable prend une toute autre ampleur dès lors que l’homme en question est un intellectuel de premier plan connaissant sur le bout des doigts la Constitution américaine. Larry Lessig est aussi professeur de droit et d’éthique à Harvard, conseiller d’Obama en 2008, il connaît tous les rouages de Washington et de son système électoral.

Son constat est que les candidats aux élections passent un temps considérable (70 à 80% de leur temps) à lever des fonds auprès d’une infime minorité de citoyens afin de financer leur campagne. Deux conséquences immédiates peuvent être relevées:

  • Les « mécènes » deviennent alors des citoyens à part, une sorte d’élites -des gouvernants de l’ombre?- avec un important levier pour influencer les lois.
  • Il reste très peu de temps aux élus pour traiter des véritables sujets d’intérêt général

La démocratie est dès lors immédiatement corrompue et l’intérêt général remisé. Larry Lessig renonce à baisser les bras par « amour » pour les générations à venir et pour son pays.

Cette vidéo nous fait découvrir comment Larry Lessig fait sien l’adage de Henry David Thoreau:

 » Ils sont un millier à couper les branches du mal mais un seul s’attaque aux racines ».

Pour cela, il vise à éradiquer les racines mêmes de la corruption en mobilisant l’opinion publique dans un premier temps. Dans un deuxième, il s’agit d’obliger tout candidat aux élections à répondre à la question: »que ferez-vous pour mettre un terme à la corruption à Washington? ».

Dans la vidéo ci-dessous Flore Vasseur se pose les questions de: Qui gouverne ? Comment préserver l’intérêt général quand, partout, l’argent semble remplacer le vote ? Elle présente comment Larry Lessig est décidé à se rebeller pour sauver l’intérêt général et à dénoncer sans relâche l’emprise des intérêts privés sur la démocratie américaine. Explications:

Cette vidéo est reprise avec l’aimable autorisation de Flore Vasseur

 

En Europe, la problématique de l’intrusion de puissantes sphères privées dans la gouvernance publique est omniprésente dans différents pays. Un impressionnant reportage sur l’élevage de saumons en Norvège a mis un terme à toute illusion qui nous venait des pays scandinaves. Des scandales peuvent éclater, ils sont de courte durée et les dossiers finissent par « pourrir » avec le temps.

L’Union européenne a quant à elle totalement intégré la présence des lobbies. Ils sont des milliers à travailler d’arrache-pied afin d’influencer les députés européens. Le lobby financier transnational y est tout-puissant et déverse des sommes faramineuses annuellement. Une édifiante étude illustre cette omniprésence (1).

La puissance financière de ce lobby financier est d’autant plus impressionnant que ses membres bénéficient d’un pouvoir régalien mondial de création monétaire privée (monnaie bancaire ou scripturale). Il leur est dès lors plus que facile d’influencer la législation en leur faveur ou de bénéficier d’un laisser-faire…

La problématique en Suisse est aussi très avancée. Lors de la réforme de la Constitution en 1999 on voit apparaître un phénomène inconnu jusqu’alors: l’entrée en piste des partis politiques et des lobbies appelés élégamment « les milieux intéressés » et mis à pied d’égalité avec les cantons(!).

L’art. 147 qui traite de la procédure de consultation se présente ainsi:

« Les cantons, les partis politiques et les milieux intéressés sont invités à se prononcer sur les actes législatifs importants et sur les autres projets de grande portée lors des travaux préparatoires, ainsi que sur les traités internationaux importants ».

Les lobbies sont donc les bienvenus dans la Constitution ! Tout comme les partis politiques dont le financement -peu transparent pour ne pas dire opaque- est garanti en partie par les grandes banques!

L’article de loi 94 ne manque pas de surprendre non plus. Il dit ceci:

 Art 94 Principes de l’ordre économique

1 La Confédération et les cantons respectent le principe de la liberté économique.

2 Ils veillent à sauvegarder les intérêts de l’économie nationale et contribuent, avec le secteur de l’économie privée, à la prospérité et à la sécurité économique de la population.

L’alinéa2 de cet article 94 introduit le ver dans la pomme! La Constitution octroie un rôle aux lobbies dans la gouvernance du pays. Cette contribution à la prospérité de l’article 94 répond à l’article 2 qui définit le but même de la Confédération (2). Excusez du peu. Quel élu peut encore s’opposer à ceux qui sont supposés réaliser l’objectif de la gouvernance du pays?

Si M Lessig offre une stratégie adaptée aux Etats-Unis, les Suisses ont encore la possibilité d’inverser la vapeur grâce à l’arme absolue qu’est l’initiative populaire.… Ils peuvent s’ils le veulent évacuer de la Constitution tout rôle officiel attribué à des non élus, exiger la transparence autour du financement des partis politiques et interdire le « recyclage » d’ex-élus dans les conseils d’administration dont les rétributions se chiffrent en millions… Il faut L‘initiative qui coupe la racine de l’arbre du mal… Le temps presse car le dossier sur la réforme des droits populaires est dans le viseur depuis plus de 15 ans…

Liliane held-Khawam

(1) The fire power of the financial Lobby

(2)  Constitution suisse Art.2 But:

1 La Confédération suisse protège la liberté et les droits du peuple et elle assure l’indépendance et la sécurité du pays.

2 Elle favorise la prospérité commune, le développement durable, la cohésion interne et la diversité culturelle du pays.

A lire également:

La Suisse est un concept en danger, LHK, Le Temps

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