Comment la BNS a piégé la Suisse pour adhérer à la zone euro par Liliane Held-Khawam

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15 Janvier 2015. Coup de tonnerre sur les places boursières mondiales. La BNS vient de quitter le PEG, son taux-plancher de 1.20 franc suisse pour un euro. Des pertes titanesques -75 milliards- sur ses placements en euro sont devenues d’un coup réalité!

« La BNS est virtuellement en faillite »

Le peuple suisse ne sait probablement pas que sa banque nationale a perdu TOUS ses fonds propres dans cette mauvaise aventure. En effet, ceux-ci s’élevaient à fin novembre à 73 milliards de francs (cf tableau ci-dessous). Les fonds propres sont comme on le voit inférieurs aux pertes supposées de 75 milliards… La réalité est probablement pire puisque nous n’avons pas la valeur exacte des fonds propres au 15 janvier, jour où la BNS estimait –enfin !- que la situation n’était plus tenable.

Fonds propres de la BNS
Source : http://www.snb.ch/ext/stats/balsnb/pdf/defr/Bilanz_der_SNB.book.pdf page 7

La BNS est donc virtuellement en faillite. Ce serait le cas avec l’entreprise de M et Mme tout le monde. Mais pas la BNS, entreprise privée mais soutenue de manière illimitée par l’argent public et celui du patrimoine (épargne, trafic de paiement, assurance-vie, LPP,…) peuple…

« La BNS a épousé le sort de la zone euro »

 

Pourtant, la question essentielle demeure à ce stade la suivante : la BNS peut-elle ou veut-elle dissocier son destin de celui de la zone euro? La réponse est : Non. Tout simplement elle ne le peut pas ! Pourquoi ? Son bilan l’en empêche.

La BNS s’est engagée clairement dans un processus systémique avec et pour la zone euro. Elle l’a fait de concert avec les autorités fédérales qui, de leur côté n’ont cessé de transférer des pouvoirs politiques à l’Union Européenne. La politique monétaire n’est qu’une pièce du puzzle qu’est devenue la Suisse de plus en plus démantelée…

Taux-plancher ou pas, la réalité –taille, structure- du bilan de la BNS la solidarise de manière durable, problématique et imposante avec l’euro et avec l’eurozone. Elle ne peut plus disposer librement de sa politique monétaire. Les manettes de la BNS sont donc entre les mains de la BCE mais aussi du lobby bancaire international et de ses sous-traitants –SIX Group SA- du Swiss Interbank Clearing (SIC) qui lui prêtent plus de 300 milliards de francs suisses pour faire ses emplettes en devises et autres dettes publiques.

« La Suisse a déjà adhéré à l’Union européenne via les accords bilatéraux »

Il est impossible de comprendre la stratégie de la BNS et autre FINMA sans mettre en perspective le psychodrame helvétique qui se joue depuis 1992. C’est l’histoire d’un peuple qui ne veut pas d’une adhésion à l’UE qui semble pourtant ardemment voulue par les dirigeants du pays. Un nœud gordien!

Ron Paul, influent politicien américain, résumait la chose de la manière suivante: « (…) Tout comme les États-Unis et l’UE, la Suisse au niveau fédéral est dirigée par un groupe d’élites qui est plus préoccupé par son propre statut, sa réputation internationale que du bien-être du pays… » http://ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2014/september/14/will-the-swiss-vote-to-get-their-gold-back.aspx

La Suisse est certes un petit pays mais ses avantages comparatifs sont excessivement importants voire indispensables à la construction de l’Union européenne. Rappelons à ce stade que la Suisse est championne du monde de compétitivité, dotée d’une économie et technologie de pointe. A ceci s’ajoute une position géographique stratégique soutenue par une infrastructure routière, autoroutière, fluviale et ferroviaire centrale et indispensable au projet européen. Cet inventaire sommaire de ses atouts ne doit pas omettre le véritable trésor helvétique qu’est sa réserve d’eau. Celle-ci représente 8% de l’eau potable du continent européen… Enfin, au milieu de cette richesse industrielle et naturelle se trouvait dans les années 2000 une banque centrale forte, dotée d’une monnaie de référence internationale et riche d’environ 2’500 tonnes d’or.

Mais voilà, une adhésion silencieuse très avancée est en cours depuis la votation en 1992. Les dirigeants successifs ont signé plus d’une centaine d’accords de toute sorte avec Bruxelles. Ce faisant, ils lui ont transféré toujours plus de souveraineté dans d’innombrables secteurs dont celui de la politique monétaire.

Ce sont des autorités fédérales qui n’ont pas hésité à mettre systématiquement le droit communautaire en primauté par rapport au droit suisse dans l’ensemble des domaines abordés dans le cadre des accords bilatéraux avec l’Union européenne https://lilianeheldkhawam.com/integration-suisse-ue/. Il ne manque plus que la validation populaire pour légaliser le tout. Plus le peuple sera sous pression financière et économique et plus l’obtention du blanc-seing sera possible…

C’est dans ce contexte global que la problématique de la BNS (sa politique et son bilan) et l’avenir du franc suisse doivent être étudiés.

« La zone euro exige la soumission de la politique monétaire et économique des Etats »

Il est important de rappeler à ce stade que l’Union européenne est une union douanière soumise au marché unique dont l’objectif ultime est le suivant: la fusion de tous ses Etats-membres en un vaste marché unique appelé le « marché intérieur » réparti en régions (NUTS) https://lilianeheldkhawam.com/2014/12/13/le-demantelement-des-etats-les-regions/.

Le marché intérieur est défini par 4 libertés: la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services et des personnes qui sont en priorités les personnes morales (entreprises) et les travailleurs.

Or, la finalité de tout marché unique est d’être dotée d’une banque centrale unique (la BCE) et d’une monnaie unique (l’euro) qui correspond en tout au concept de l’Union économique et monétaire européenne (UEM) conçu par M Jacques Delors en 1989. Elle est l’ancêtre de la zone euro telle que connue aujourd’hui. http://www.ecb.europa.eu/ecb/history/emu/html/index.en.html

Le processus qui mène à la création de l’UEM se décline en 3 étapes (cf tableau ci-dessous) :

UEM les 3 phases
Source : http://www.ecb.europa.eu/ecb/history/emu/html/index.fr.html

« La BNS peut-elle forcer l’entrée de la Suisse dans la zone euro ? »

Pour adhérer à la zone euro, il faut donc répondre aux 3 étapes de la feuille de route décrites dans le tableau ci-dessus. Regardons si la BNS travaille dans ce sens, mettant de ce fait le pays entier et sa démocratie au pied du mur.

  • La phase I ou la libre circulation des capitaux.

La liberté pour rentrer et sortir des capitaux de Suisse est acquise. En revanche, on constate que les produits financiers qui circulent en Suisse sont émis principalement par le Luxembourg y compris par UBS supposée suisse. La réciproque semble moins évidente. http://www.europarl.europa.eu/aboutparliament/en/displayFtu.html?ftuId=FTU_3.1.6.html

On constate aussi que bon nombre d’instituts bancaires réputés suisses se sont domiciliés au Luxembourg et sont soumis à la surveillance prudentielle de la… BCE. Quant aux petites entreprises de gestionnaires indépendants, elles sont en train d’agoniser sous le ciel helvétique.

De manière générale, on peut dire que cette phase I est plus qu’atteinte puisque la place financière suisse semble avoir cédé son leadership à celles de Francfort, de Londres et du Luxembourg.

  • La phase II ou la mainmise sur les banques centrales nationales :

Cette phase consiste à détacher les banques centrales des pays membres de la zone de l’autorité publique étatique. Les gouvernements sont obligés de traiter avec les banques commerciales comme intermédiaires.

La BNS a une interdiction formelle depuis 2003 –tout comme la Banque de France depuis 1973- d’accorder des crédits à la Confédération. En cas de besoin, celle-ci doit emprunter au marché financier privé. Pourtant la même banque centrale a le droit voire l’obligation de racheter les dettes publiques du pays voisin.

La France qui s’inquiète régulièrement du coût et des conditions de renouvellement de sa dette publique, participe au financement -via sa banque de France- aux déficits des pays voisins… Un ingénieux mécanisme systémique se met en place forçant la création obligatoire d’une destinée commune avec transfert des richesses des uns vers les autres.

En résumé, cette phase II oblige les banques centrales de la zone euro à se coordonner étroitement avec la BCE et le lobby bancaire privé globalisé. On peut dire que cette collaboration bat son plein avec une BNS qui travaille à plein régime depuis la crise de 2007 avec –voire pour?- la BCE.

  • La phase III ou la fixation irrévocable des taux de conversion :

Concernant la BNS, on ne peut aborder cette phase III qui implique la fixation d’un taux irrévocable avec l’euro sans revenir sur son fameux taux plancher mais aussi sur sa politique d’investissement.

« La fixation du taux plancher est un acte politique sans lien avec le mandat de la BNS défini par la Constitution ou la loi sur la BNS de 2003. »

1. Le 6 septembre 2011 la direction de la BNS avait clairement outrepassé ses prérogatives légales. Aucun mandat connu émanant des chambres fédérales ne lui avait été attribué officiellement. Rien qu’à ce niveau, on peut supposer que le peuple suisse demandera un jour une enquête. Habituellement, la fixation d’un taux de ce style émane d’un gouvernement et non de la banque centrale.

« L’annonce solennelle et publique d’un « arrimage à la zone euro » -dixit le président de l’époque- avait un objectif Marketing évident en faveur de la zone euro »

2. On annonçait le 6 septembre 2011 que la richesse de la BNS (qui appartient à ses citoyens), de la Suisse et des suisses serait misée sur les marchés financiers pour soutenir l’euro et les dettes publiques européennes. Il est facile de voir comment à ce moment-là les taux ont évolué favorablement. Les marchés ont été inondés de liquidités qui ont permis aux mêmes établissements financiers dits too big to fail de faire des bénéfices jamais égalés.

« Le taux-plancher est un taux fixe qui soumet la BNS à la BCE et l’empêche de gérer sa politique monétaire »

3. Le taux plancher euro/franc suisse à 1.20 introduit du 6 septembre 2011 au 15 janvier 2015 fut considéré comme un taux de change fixe. Durant cette période, le rapport euro/franc n’a plus dépassé le 1.25. Ce faisant, la BNS ne pouvait plus remplir sa mission. Pourquoi ? A cause d’un triangle appelé triangle des incompatibilités.

Triangle des incompatibilités
Si a est la libre circulation des capitaux, b est un taux-plancher, c qui devrait être l’indépendance de la politique monétaire devient impossible. Ce triangle est connu de tous les économistes et ne pouvait être ignoré. Voilà pourquoi la BCE demande un taux de change fixe au sein de la zone euro. Mais voilà aussi pourquoi la décision du 6 septembre 2011 était vouée à l’échec. La prédictibilité était de 100%. Rien à voir avec le pseudo jeu du chat et de la souris avec les marchés financiers.

« A côté du taux-plancher la politique d’investissement de ces 10 dernières années de la BNS la contraint à soutenir l’euro et la zone euro pour un bon bout de temps »

https://lilianeheldkhawam.com/2015/01/15/le-franc-suisse-retrouve-une-liberte-plombee-par-une-gestion-suicidaire/

4. Par ses investissements massifs en euros et en dettes européennes, on peut oser affirmer que la BNS a joué un rôle déterminant dans le sauvetage de la zone euro et de l’euro en 2011. Pour cela, elle a mis la force du franc suisse, ses richesses actuelles et futures et celles de la Suisse en gage.

Durant cette période, la BNS aurait pu investir dans les entreprises suisses d’exportation pour les soutenir. Non seulement elle ne l’a pas fait mais elle s’est massivement désinvestie de ses actifs suisses mettant encore plus en danger son bilan investi en monnaies étrangères…

5.  On peut dire tout simplement que la BNS se comporte comme une succursale de la BCE .

Pour revenir à la phase III de l’adhésion à la zone euro, on peut dire ceci, même si la BNS a aboli le taux-plancher avec l’euro, les 45% d’actifs de son bilan hypertrophié libellés en euros fortement investi en dettes publiques européennes reviennent à un engagement dans le marbre de la Suisse envers la zone euro.

« La BNS va sans doute continuer d’investir dans la zone euro et soutenir la BCE dans son assouplissement quantitatif de 1000milliards d’euros. Elle pourra bénéficier d’un rabais de 20% grâce à l’ajustement de son taux de change »

On peut conclure en disant que les autorités fédérales ont octroyé à la BNS une liberté qui dépasse le cadre constitutionnel. Rien n’empêche aujourd’hui la BNS – de par le mandat élargi qui lui a été attribué- d’adopter soit un nouveau plancher plus favorable à ses emplettes à venir, soit à adopter l’euro. Les deux options possibles figeront les variations de son bilan….

« Seules les autorités politiques pourraient stopper le processus d’adhésion »

Le 6 septembre 2011, la BNS s’est autorisée à « s’arrimer » à la zone euro. Le silence des politiques valait un acquiescement à un  transfert de son indépendance à la BCE, selon l’exact modèle des autres banques centrales européennes voulu par le modèle de l’UEM de M Delors.

Par ailleurs, si l’on considère les dizaines et dizaines de contrats – doublés de financements conséquents – qui permettent de considérer la Suisse de facto en tant qu’Etat-membre et important contributeur de l’UE, l’adoption de l’euro serait une juste logique qui viendrait compléter l’idéologie européiste.

Par conséquent taux-plancher ou pas, la BNS lie la Suisse de facto à tous les risques systémiques et à l’avenir de la zone euro.

Liliane Held-Khawam

L’article en allemand: Zutritt zur Eurozone: Wie die Schweiz in die Falle der SNB fiel http://insideparadeplatz.ch/2015/01/28/zutritt-zur-eurozone-wie-die-schweiz-die-falle-der-snb-fiel/

Zutritt zur Eurozone: Wie die Schweiz in die Falle der SNB fiel

5. Januar 2015: Ein Donnerschlag auf allen internationalen Märkten. Die Schweizerische Nationalbank (SNB) steigt überraschend aus dem Kurs-Gewinn-Wachstums-Verhältnis, kurz KGV (oder Price-Earning P/E auf Englisch) aus und gibt damit den Mindestkurs Euro-Franken auf, der über lange Jahre auf 1,20 Franken pro Euro festgemacht war. Der Kapitalverlust mit Blick auf verlorene Finanzinvestitionen erreichte das gigantische Ausmass von über 75 Milliarden Franken.

Das Schweizer Volk weiss wahrscheinlich nicht, dass dieses unangenehme Abenteuer der SNB die Gesamtheit ihres Eigenkapitals gekostet hat. Das Eigenkapital der SNB betrug offiziell Ende November 2014 73 Milliarden Franken. Das Eigenkapital der SNB ist aus dieser Sicht kleiner als die vermutlichen Verluste von 75 Milliarden Franken.

Die Realität könnte aber noch viel schlimmer sein, denn wir kennen das Eigenkapital per 15 Januar 2015 nicht, dem Tag, an dem die SNB sich endlich entschieden hatte, etwas zu tun.

Die SNB ist also praktisch in Konkurs gelaufen. Was für ein Privatunternehmen von Herr und Frau Schweizer richtig ist, gilt nicht für die SNB, die zwar ein Privatunternehmen ist, jedoch von öffentlichen Geldern und Erbsteuer (Ersparnisse, Zahlungsverkehr, Lebensversicherungen, BVG) unterstützt wird.

Diese Gegebenheiten werfen Fragen auf. Wäre die SNB in der Lage, Distanz zur Eurozone und deren Schicksal zu halten? Die Antwort lautet Nein.  Selbst wenn sie es wollte, sie könnte es nicht.

Warum? Weil ihre Bilanz diesen Weg einfach nicht zulässt.

Die Entwicklung der Eurozone ist ein systemischer Prozess. Durch ihre intensive Mitarbeit mit – und zugunsten der Eurozone – hat sich die SNB an diesem Prozess bereits klar beteiligt. Die Unterstützung der Eurozone durch die SNB wäre nicht ohne die Hilfe des Bundes möglich gewesen, der ohne Unterbruch politische Macht an die EU abgab. Die Geld- und Währungspolitik ist lediglich ein Teil des Puzzles, zum Weg Richtung Europa beiträgt.

Mindestwechselkurs hin oder her, die Bilanz der SNB bindet die Notenbank nachhaltig, und zwar in problematischer Art und Weise, an den Euro und die Eurozone. Die SNB kann ihre Währungspolitik nicht mehr frei ausführen. Die SNB ist eigentlich gar nicht mehr am Steuerrad; sie hat es schon lange anderen übergeben wie zum Beispiel der EZB oder der internationalen Bankenlobby und deren Zulieferanten wie die SIX Group und die Swiss Interbank Clearing (SIC), die ihr Darlehen zur Verfügung stellen von mehr als 300 Milliarden Franken.

Die Strategie der SNB und weiteren hat in der Schweiz seit dem Jahr 1992 ein regelrechtes Psychodrama ausgelöst, in dem sich zwei Protagonisten gegenüberstehen: ein Volk, das die Adhäsion an die EU verweigert, und eine Regierung, die das mit allen Mitteln will. Ein wahrhaft gordischer Knoten.

Man kann das auch in den Worten des einflussreichen amerikanischen Politikers Ron Paul ausdrücken: “Wie die Vereinigten Staaten und die EU ist auch die Schweiz von einer Elite geleitet, welche mehr besorgt ist um ihre Position, ihren Wohlstand und ihren internationalen Ruhm, als das Wohlergehen ihres Landes.”

Die Schweiz ist zwar klein, trotzdem spielt sie in der EU-Konstruktion eine wichtige, wenn nicht sogar entscheidende Rolle. Sie wird oft als Musterschülerin der Wettbewerbsfähigkeit betrachtet und erreicht in Gebieten wie der Ökonomie und der Technologie Spitzenleistungen.

Auch besitzt sie, begründet in ihrem starken Verkehrsnetz (Strassen, Autobahn, Bahn, Flüsse), eine strategisch wichtige Position im europäischen Raum. Nicht ausser acht zu lassen in dieser kurzen Zusammenstellung schweizerischer Vorteile ist auch die Tatsache, dass 8% der gesamten Trinkwasserreserve des europäischen Kontinents in der Schweiz liegen. Schliesslich gab es in den Jahren 2000 eine starke, zentrale Bank, ausgerüstet mit einer Münze von internationalem Ruf und einer Goldreserve von ungefähr 2500 Tonnen.

Doch seit der EWR-Abstimmung von 1992 schlich sich immer mehr ein Trend ein, der EU beizutreten. Die politischen Verantwortlichen haben in der Zwischenzeit mehr als hundert Vereinbarungen mit Brüssel unterzeichnet, die eine Überführung von Souveränität an die EU bewirkten.

Auf praktisch allen Gebieten, festgehalten in wichtigen bilateralen Abkommen mit der EU, gaben die eidgenössischen Behörden systematisch dem europäischen Gemeinschaftsrecht den Vorzug gegenüber dem Schweizer Recht.

Es fehlt nur noch an der Zustimmung des Schweizer Volkes, um das Ganze zu “legalisieren”. Je mehr man nun das Volk unter finanziellen und ökonomischen Druck setzt, desto eher wird dieses gewillt sein, eine Blankovollmacht auszustellen.

Die Problematik der SNB und die Frage um die Zukunft des Schweizer Franken müssen von diesen Überlegungen aus untersucht werden. Wichtig in diesem Zusammenhang ist, dass die EU eine Zollunion mit gemeinsamen Marktregeln ist. Das ultimative Ziel der EU besteht also darin, alle einzelnen Mitgliedsstaaten zu einem einzigen grossen Markt, den sogenannten Binnenmarkt, zu verschmelzen.

Dieser wird nach besonderen Regionen, den NUTS, systematisiert. NUTS, auf Französisch “Nomenclature des unités territoriaes statistiques”, wird definiert als eine hierarchische Systematik zur eindeutigen Identifizierung und Klassifizierung der räumlichen Bezugseinheiten der amtlichen Statistik in den Mitgliedstaaten der Europäischen Union.

Dieser Binnenmarkt kennt 4 Grundfreiheiten: freier Warenverkehr, freier Kapital- und Zahlungsverkehr, Dienstleistungsfreiheit, Personenfreizügigkeit; letztere bezieht sich ebenso auf Unternehmen wie auf Arbeitnehmer. Schliesslich wurde dieser Binnenmarkt mit einer Europäischen Zentralbank (EZB) und einer gemeinsamen Währung (Euro) ausgestattet.

In dieser Tabelle sind die drei nach Jacques Delors konzeptionierten Entwicklungsstufen gut zu erkennen, die zur Entstehung der Eurozone (amtlich auch Euro-Währungsgebiet oder Euroraum) geführt haben. Die Eurozone nannte man 1989 noch (Europäische) Wirtschaft und Währungsunion (WWU oder EWWU).

Die Bedingungen für einen Beitritt zur Eurozone hängen von den drei oben genannten Stufen ab. Untersuchen wir einmal, wie die SNB auf dieses Ziel hin arbeitet, und stellen wir einmal unser Land und dessen Demokratie mit dem Rücken zur Wand dar.

Die erste Stufe ist hauptsächlich durch den freien Kapitalverkehr geprägt. Die freie Ein- und Ausfuhr von Kapital ist kein grosses Thema mehr für die Schweiz. Finanzprodukte hingegen, welche in der Schweiz verkehren, haben öfters ihren Ursprung in Luxemburg; sogar die Finanzprodukte des UBS, die bekanntermassen zur Schweiz gehört. Das Umgekehrte ist übrigens weniger der Fall.

Hinzuzufügen wäre, dass eine ganze Reihe Schweizer Banken, die in Luxemburg sesshaft sind, Richtlinien befolgen, die in Wahrheit Richtlinien der EZB sind. Kleinere private Verwaltungsunternehmen sterben einfach langsam, aber sicher unter dem Schweizer Himmel ab.

Generell muss man feststellen, dass die 1. Stufe mehr als erreicht ist, denn der Schweizer Finanzplatz hat schon lange seine Führungsrolle an andere wie Frankfurt, London und Luxemburg abgegeben.

Die zweite Stufe führte hauptsächlich zu einer Loslösung der verschieden Zentralbanken von der Autorität (Souveränität) ihrer jeweiligen Staaten und in Folge davon zu einer Annäherung an die EZB. Die Staatsregierungen wurden damit gezwungen, direkt mit den Geschäftsbanken zu verhandeln.

Die Bundesverfassung legt seit 2003 fest, ähnlich wie für die Banque de France seit 1973, dass die SNB keine öffentlichen Kredite an den Bund vergeben darf. Letztere muss sich also bei Bedarf an die Privatmärkte wenden. Die SNB hat das Recht, wenn nicht sogar die Pflicht, Schulden benachbarter Staaten zurückzukaufen.

Frankreich, das sich sehr um Frage des Ersatzes der Staatsschulden sorgt, finanziert die Staatsschulden ihrer Nachbarländer just durch das Organ der Banque de France. Das System gemeinsamer Bestimmungen, das damit entsteht, bewirkt den gegenseitigen Austausch von Reichtum von einem Land zum anderen.

Die zweite Stufe zwingt die verschiedenen Zentralbanken des Europaraums zu einer engen Zusammenarbeit mit der EZB und der Lobby der globalisierten Privatbanken. Mit Hilfe der SNB erreichte diese Koordinationsarbeit gewissermassen einen neuen Flughöhe, denn seit der Krise von 2007 läuft die SNB voll auf Kurs mit (oder für?) die EZB.

Die Problematik der dritten Stufe kann auch ohne den berüchtigten Mindestkurs untersucht werden, indem man zum Beispiel die Investitionspolitik der SNB ins Visier nimmt. Denn: Die Entstehung des Mindestwechselkurses ist ein politischer Akt, der in keiner Beziehung steht zum Mandat der SNB, wie es durch die Bundesverfassung oder das Gesetz über die SNB von 2003 bestimmt ist.

1. Am 6. September 2011 hat die Direktion der SNB die Grenze rechtlicher Befugnisse weit überschritten. Man kann sich denken, dass nur schon deshalb das Schweizer Volk eines Tages eine Untersuchung fordern wird. Ein Mindestkurs in diesem Ausmass müsste von Seiten der Regierung und nicht von der BNS bestimmt werden.

2. Damals 2011 informierte man uns, dass das Vermögen der SNB inklusive Vermögen der Schweiz und derer Bürger (die SNB gehört dem Bürger) auf den Finanzmärkten angeboten werde, mit der eindeutigen Absicht, den Euro und die öffentlichen europäischen Schulden zu decken. Der Kurs entwickelte sich damit positiv und die Märkte sahen sich mit Liquidität überflutet, die den grossen Finanzunternehmen ermöglichten, Gewinne wie noch nie zu generieren.

3. Der Mindestwechselkurs Euro-Franken von 1,20 wirkte bis zum 15. Januar 2015 und überschritt in dieser Periode nie die Grenze von 1,25 Franken. Mit anderen Worten: Die SNB war unfähig, ihre Aufgabe zu erfüllen.

Warum? Aufgrund eines ökonomischen Prinzips, das man “Inkompatibilitätsdreieck” nennt.

Dieses Prinzip macht klar, warum eine nationale Wirtschaft sich nicht gleichzeitig mit den drei Gebieten – feste Wechselkurse, freier internationaler Kapitalverkehr, autonome Geldpolitik – beschäftigen kann. Jeder Ökonom kennt es. Es hilft zu verstehen, warum die SNB im Europaraum sich auf einen fixierten Wechselkurs stützte. Und es erklärt letztlich auch, warum die Abmachungen vor dreieinhalb Jahren zum vornherein zu 100 Prozent zum Scheitern verurteilt waren.

13 réflexions sur “Comment la BNS a piégé la Suisse pour adhérer à la zone euro par Liliane Held-Khawam

  1. Quel est l’organe qui est chargé de contrôler la BNS ? Qui contrôle qu’il n’ait pas un délit d’initié d’un des membres de la direction. Qu’un membre de la direction, ne se soit pas enrichi personnellement ? comment dans l’affaire http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Hildebrand
    Je trouve à ce propos, les propos de Monsieur Jordan très étrange
    _________________________________________________________________
    (selon l’article publier dans le temp le samedi 17 janvier 2015 http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f85bcc10-9db9-11e4-aa73-0eb920ec942b/Thomas_Jordan_La_BNS_nest_pas_toute_puissante)
    ____________________________________________________________________
    ….
    Thomas Jordan: Nous étions conscients que cette décision pouvait produire des effets majeurs sur les marchés. Ces derniers sont d’ailleurs empreints d’une grande incertitude en raison du changement de politique monétaire de la BNS. Il en résulte une plus grande volatilité et les marchés doivent progressivement trouver leur équilibre, ce qui pourra prendre du temps. Nous observons d’importants excès dans les cours actuels.
    – Pourquoi était-ce si important de surprendre le marché?
    – Si vous prenez une décision aussi importante que l’abandon du cours plancher, il faut nécessairement surprendre le marché. Si vous montrez que vous réfléchissez à un changement, vous ouvrez la porte à des spéculateurs qui pensent en profiter.
    ….
    _____________________________________________________________
    J’ai de la peine avec le terme de Monsieur Jordan “surprendre le marché”. Je ne vois pas en quoi la BNS devrait chercher à surprendre les marchés (justement son but devrait être le contraire, normalement elle recherche la stabilité de la monnaie).
    – Comment demander une enquête officielle sur les agissements ces derniers jours ?
    – Pourquoi une entreprise qui a une aussi grand responsabilité n’ai pas mieux surveillées ?
    – C’est du jamais vu, aucune banque central n’a jusqu’ici mis aussi en péril sa propre monnaie sans raison et sans explication (car monsieur Jordan n’avance aucune réponse, c’est honteux

    )

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  4. Non seulement à l’encontre de la BNS, mais à l’encontre de tous ceux qui agissent allègrement en contrevenant à l’art. 266 du Code Pénal Suisse (atteinte à l’indépendance de la Confédération) sans en être inquiétés en aucun moment.

  5. « Quel est l’organe qui est chargé de contrôler la BNS ?  » Aucun organe fédéral ne la contrôle. Elle bénéficie d’ « indépendance » quasi souveraine.
    Un auditeur privé américain contrôle la rectitude des comptes annuels. Il est mandaté par le conseil d’administration, organe suprême de la banque.
    « Qui contrôle qu’il n’ait pas un délit d’initié d’un des membres de la direction. » Je suppose qu’il faudrait une enquête demandée par le Conseil Fédéral…
    « Comment demander une enquête officielle sur les agissements ces derniers jours ? ». Je suis incompétente pour vous répondre. Je vous invite à consulter des Conseillers nationaux.
    « Pourquoi une entreprise qui a une aussi grand responsabilité n’ai pas mieux surveillée ? ». Je ne peux vous répondre sans spéculer. Je me tairai donc.
    « C’est du jamais vu, aucune banque central n’a jusqu’ici mis aussi en péril sa propre monnaie sans raison et sans explication ». Ca s’est fait exactement de la même manière dans tous les pays de la zone euro qui ont suivi les 3 étapes de l’UEM (cf article ci-dessus).
    Voilà, j’ai essayé de répondre au mieux à vos questions.

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